Il faudra bien un jour ou l’autre se pencher sur le réel problème du cercueil de crémation, de son contenu et peut-être même de la tenue des défunts.
Avant toute chose, il est bon de rappeler que le processus de destruction des matières et matériaux est rendu possible par l’action chimique d’une substance portée à haute température en présence d’oxygène. Cette action engendrera une combustion vive, dans un volume confiné d’une chambre principale et secondaire.

Il est donc important de ne pas sous-estimer les règles de prudence liées à l’exploitation de l’installation, mais également la nature des matières et matériaux introduits dans le four de crémation.

A- Quid du contenu des cercueils ?

Le cercueil de crémation ne peut pas être le réceptacle de tous les produits hétérogènes qui entouraient le défunt.
Il faut savoir rester raisonnable !

Pace-maker, pile au lithium, défibrillateur
Les dégâts engendrés par l’explosion d’un pace-maker, ou tous produits contenant une pile au lithium, peuvent être très importants. Bien souvent l’intégralité de la structure réfractaire est concernée, et les coûts induits élevés ; pertes d’exploitation et réparations de l’ordre de 50 000 €.

La législation est-elle respectée ?
Il ne semble pas qu’elle le soit, eu égard au nombre grandissant d’incidents ou d’accidents en la matière. Nous rappelons, que la responsabilité incombe en premier lieu au médecin, à la famille, voire à la société de pompes funèbres. Force est de constater, que nous assistons à une amplification des sinistres.

Bombes aérosols, flacons de parfums, bouteilles d’alcool
Revenons également sur le fonctionnement de base d’un four de crémation. Avant introduction du cercueil, la chambre principale du four doit être portée à une température élevée, par une phase de préchauffage. Les textes précisent, que l’introduction du cercueil doit se faire entre 350°C et 900°C. Afin d’éviter les imbrûlés olfactifs et colorés à la sortie de la cheminée, les fumées issues de la chambre principale sont "rebrûlées" dans la chambre dite de "post-combustion" ou secondaire à une température de 850°C.

Il faut rappeler aux pompes funèbres et aux conseillers funéraires, l’impérieuse nécessité, de vérifier, avant fermeture du cercueil, l’absence de "souvenirs" hétérogènes et interdits.
En effet, ces souvenirs, tels que flacons de parfums, bouteilles d’alcool (whisky etc), ou bombes aérosols sont de véritables "bombes incendiaires", engendrant des montées violentes de température, et créant bien souvent des feux de cheminée.

Pourquoi ?
Nos adhérents, gestionnaires de crématoriums, se sont rapprochés des constructeurs de fours de crémation et les raisons avancées sont les suivantes.
Dans cette ambiance à haute température en début de crémation, les produits inflammables hétérogènes vont alimenter violemment la combustion, en portant à 1100, 1200 °C voire plus la température des gaz de la chambre principale. Les sécurités vont alors fonctionner pour limiter au maximum les élévations de température en fermant les airs comburants.
Cette absence d’air comburant, va tout naturellement calmer la combustion, mais les m3 de gaz chauds engendrés par la combustion et non rebrûlés, vont migrer jusqu’à la cheminée. En présence d’oxygène, les imbrûlés résiduels à haute température, vont à nouveau s’enflammer, le travail de re-brûlage complet des gaz n’ayant pas pu se faire normalement au sein de la chambre de post- combustion.
Un tel incident est extrêmement dommageable, car en cas d’extinction du feu par les pompiers, les chocs thermiques sont tels, que l’ensemble de l’installation de crémation devient inopérante voire détruite.

B- Quid des composants des cercueils ?

Lorsque nous interrogeons nos adhérents, sur la problématique cercueil, invariablement le cercueil de particules ou aggloméré est cité en priorité. Les principales remarques - vues par les gestionnaires de crématoriums - sont de trois ordres.
  • La qualité des cendres
  • Le temps de crémation
  • Les émissions atmosphériques
En effet, au dire des exploitants, les cendres sont noires et collantes, et en cas de dispersion en présence de la famille, les questions sont nombreuses et les réponses embarrassées. Par ailleurs, les temps de crémation sont bien souvent beaucoup plus longs, pour l’obtention d’un résultat homogène et correct. Enfin, à notre connaissance, les cercueils en panneaux de particules ou agglomérés, sont chargés de formaldéhyde engendrant des émissions de composés organiques volatils (C.O.V.), peu recommandables pour l’environnement.

Nous ne reviendrons pas sur les cercueils en carton – officiellement autorisés – mais ne présentant pas pour nos adhérents, un degré suffisant de sécurité.

Tendances 
Nos adhérents observent de grandes disparités de temps de crémation en fonction certes, de la corpulence (avec ou sans soins) du défunt, mais également des essences, et de la nature des matériaux constituant le cercueil. On notera de plus en plus l’utilisation de bois durs, avec des temps de crémation pouvant être de 20 à 30% plus longs. Certains crématoriums intègrent la notion (bois dur –bois tendre),  en présentant deux tarifs différents. L’ADOC ne prendra pas, pour l’instant, position sur la question, mais la remarque nous paraît pertinente. La question reste ouverte.
 
Problème complexe du cercueil dit "cercueil zinc"
L’ADOC rappelle, que tous les accessoires du cercueil "doivent être composés exclusivement de matériaux combustibles ou sublimables…" (art R 2213-25 du Code général des collectivités territoriales).

Qu’en est-il du cercueil "zinc" ou "acier galvanisé" ?
L’ADOC souhaite vivement, que la profession adopte une position commune - et officielle - du traitement en crémation du cercueil zinc ou faux zinc.

A notre connaissance, des cercueils, bien souvent étrangers peuvent, pour des raisons diverses arriver sur le territoire français dotés d’une enveloppe en zinc ou acier galvanisé.

Lorsque l’enveloppe est en "vrai" zinc, l’enveloppe est théoriquement sublimable dans les plages de température habituellement utilisées par le process de crémation. Cependant, il demeure non recommandable, tant pour le problème environnemental de l’incinération du zinc et du zamak, que pour la longévité de la structure réfractaire du four, de procéder à l’incinération d’une enveloppe en zinc.
Lorsque l’enveloppe est en "faux" zinc ou acier galvanisé, cette enveloppe n’est absolument pas sublimable aux températures habituellement admises dans un four de crémation. La question ne se pose pas ; il n’est pas possible de procéder à la crémation d’un cercueil doté d’une enveloppe en acier galvanisé.

La position de l’ADOC, est une position de bons sens. Quelle que soit la nature de l’enveloppe, en zinc ou en acier galvanisé, il est indispensable de demander une autorisation spéciale au Procureur de la République, pour ouverture du cercueil aux fins de transfert du corps, de l’enveloppe zinc ou acier galvanisé, au cercueil. Dans le cas contraire, la crémation sera impossible.
Il est nécessaire qu’une modification de la législation soit envisagée pour remplacer l’enveloppe en zinc par une housse, qui aurait les mêmes propriétés sanitaires et techniques, mais qui serait sublimable, ceci dans le but d’éviter des manipulations qui ne sont pas souhaitables !

C- Quid de la tenue des défunts ?

L’ADOC souhaite vivement, qu’une réflexion approfondie puisse se faire concernant le sujet délicat pour ne pas dire tabou, de la tenue des défunts ayant opté pour la crémation.
Il y a certainement une position médiane à trouver, entre la solution extrême rencontrée dans certains länders allemands, et l’approche quelquefois irresponsable des familles endeuillées.
En effet, le témoignage de nos adhérents est sans appel. Il n’est pas acceptable de devoir procéder à la crémation d’un défunt "motard" doté d’une combinaison intégrale en cuir renforcé, couvert de son casque et chaussé de ses bottes en cuir. Il faut impérativement que nos collègues pompes funèbres soient attentifs, et puissent orienter les familles endeuillées vers plus de raison.

Nous rappelons que l’ADOC a pour mission, de mettre en exergue les problèmes et les difficultés rencontrés par ses membres, dans l’exercice de leur fonction, en étant force de propositions collégiales et constructives, tant au niveau de la profession, qu’à l’échelon des autorités de tutelle.

Aussi l’ADOC travaille sur l’élaboration du "LIVRE BLANC DE LA CREMATION".
Il sera le point de départ, pour mener une véritable  réflexion sur la crémation.
Ce livre, sera le  fil d’Ariane qui permettra de replacer systématiquement les réflexions menées, par rapport au contexte opérationnel, et par rapport à l’expérience sur le terrain vécue au quotidien par nos adhérents.

Thomas Beaucourt
 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations