Alors qu'autrefois, la société était très organisée et prenait en charge l’ensemble des rites et traditions liées aux divers moments de la vie, la perte des repères de société oblige chacun d’entre nous, à faire face seul, aux évènements de la vie.
3- Extrait de l’intervention de Muriel Perrin-Ghys Secrétaire Générale de l’association les Amis du Musée Funéraire National. 

L’éloignement des racines, et l’éclatement des familles, conduisent les personnes endeuillées à faire face seules, aux deuils qui les frappent. La pratique religieuse a considérablement diminué depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, les endeuillés se retrouvent de plus en plus seuls. 

Au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, la tendance était au dépouillement des rites traditionnels et religieux. La mort était occultée, on s’en remettait aux professionnels, on souhaitait ne plus avoir à s’en préoccuper. Cette attitude de rejet a eu des conséquences importantes : Le deuil était devenu honteux et gênant.

Depuis plusieurs années et le début du 21ème siècle le marque, cette perte de rites et de repères s’est transformée, de nouveaux rites sont apparus parfois créés de toutes pièces, ou parfois d’anciens rites remis au goût du jour.

Le 19ème siècle est l’époque de la grandeur des pompes funèbres : C’est la période des grandes cérémonies, dont le faste, hérité de l’empire, s’applique aux réceptions de la république. La bourgeoisie se développe et s’établit, chacun a sa place dans la société, et les étapes de la vie sont réglementées par des rites propres.

Le deuil obéit à des règles très précises : Les obsèques étaient confiées pour la partie célébration à l’Église, et pour le décor aux pompes funèbres. Ceux qui par choix philosophiques ne souhaitaient pas de cérémonie à l’église, étaient marqués comme libres-penseurs, et regardés avec méfiance par certains, dans certains ils choisissaient la crémation, autorisée depuis 1869 et rejetée par l’Église catholique.

Les tentures : Afin de mieux montrer à la société, qu’il y avait une cérémonie de funérailles, la porte de la maison était ornée de tentures noires, plus ou moins imposantes, selon la classe choisie. Au milieu des tentures, un écusson portait les initiales du défunt.

Les cortèges : Ils conduisaient le défunt de son domicile à l’église, puis au cimetière.
Les hommes de la famille, les proches – époux, père, fils, frères du défunt, marchaient en premier, on disait qu’ils conduisaient le deuil, les femmes suivaient, et dans le cas de la haute société, elles ne suivaient même pas le cortège, mais allaient directement de leur domicile à l’église, pour la cérémonie de funérailles.

Les fleurs : Dans le cas de notables, il était d’usage d’offrir des couronnes de fleurs, on voyait un amoncellement de fleurs offertes, par toutes les couches de la société.
C’est à cette époque, que l’on voit se développer les compositions de fleurs fraîches tressées et piquées en couronnes, coussins et gerbes.

La cérémonie : À l’église il y avait aussi plusieurs classes de cérémonies, avec en conséquence des tarifs différents. Hommes et femmes étaient séparés.
 
Les condoléances : À la fin du service religieux, ou après l’inhumation au cimetière, on présentait ses condoléances à la famille, cela durait parfois plusieurs heures.

Le repas de funérailles : Une institution qui perdure dans certaines régions, mais qui a tendance à se transformer en une collation, d’aucuns jugeant, que de trop grandes agapes étaient incompatibles avec la décence du deuil.

Le monument : Une famille "bourgeoise" se devait d’avoir son caveau, ou mieux sa chapelle. On a construit des monuments de plus en plus ornés, c’est la grande période des sépultures ornées de statues, qui ont permis à de grands artistes de s’exprimer, architectes et sculpteurs.

La période du grand changement sociologique : La société a évolué, et le milieu du 20ème siècle en a été le tournant, les premières causes de cette évolution, en France ont été les guerres mondiales, qui ont brisé des situations, mis les femmes au travail à la place des hommes. A la suite de ces bouleversements, les femmes ont continué à vouloir leur place dans la société, les principes et les canons de la vie bourgeoise ont été brisés.
Les règles de deuil n’existent pratiquement plus, que dans certaines communautés, la communauté portugaise, les israélites, les musulmans.

Les cimetières sont devenus anonymes, on vit dans l’anonymat de la grande barre d’immeubles, pour se retrouver dans l’anonymat d’une rangée de tombes identiques.  On pense que tous les rites et le cérémonial liés aux funérailles sont des vieilleries, qu’il faut simplifier jusqu’à arriver à des cérémonies minimalistes. Mais toutes les sociétés ont leurs rites, et les moments de recueillements lors de la mort d’un proche, sont nécessaires au deuil.

Mais après cette désespérante situation de cérémonies banalisées, et la perte de la mémoire, nous vivons une époque capitale, où chacun repense et essaie de recréer des rites, qui correspondent à la vie actuelle.

Maintenant les temps ont changé, il ne s’agit plus seulement en s’adressant à une entreprise de services funéraires, d’effectuer les formalités relatives au décès, mais aussi de préparer un temps de réflexion personnalisé.

La personnalisation est un maître mot, et cela n’est pas une mince affaire pour les entreprises de pompes funèbres : Il s’agit de garder le rituel des funérailles, en l’adaptant selon les cas. Il ne s’agit effectivement pas de faire n’importe quoi, pour dire d’être créatif, mais bien au contraire, de garder les traditions, en les adaptant, dans le souci du plus grand respect.
Les cérémonies civiles ou laïques : La cérémonie religieuse semblait indispensable pour des funérailles, sauf pour les libres-penseurs fermement hostiles à la religion. On voit encore le paradoxe de personnes, qui ont été baptisées, qui se sont mariées à l’église, et qui n’y retourneront que pour leurs obsèques. En conséquence, les cérémonies de funérailles non religieuses, se développent de plus en plus, et je peux dire qu’il n’est pas d’entreprises de service funéraire, qui ne s’y soient pas penchées. En effet, comment peut-on imaginer, que lorsque qu’une famille ne souhaite pas de service religieux, on se contente d’un court temps d’adieu bâclé au cimetière.

L’organisation des cérémonies civiles est un fait actuel, que les entreprises de services funéraires doivent actuellement prendre en compte. Ceux qui ne souhaitent pas de cérémonies religieuses pour eux, et pour leurs proches, sont de plus en plus nombreux, c’est l’occasion de proposer des cérémonies civiles, en accord avec les pensées de chacun.

Mais personnaliser les cérémonies, ne veut pas non plus dire que l’on ne fait plus de cérémonies religieuses, au contraire, et à ma connaissance, les représentants des diverses religions, sont pour la plupart d’entre eux très intéressés, à ce que la famille et les proches participent activement aux cérémonies.

Les maîtres de cérémonies, sont maintenant conscients de la nécessité de proposer de telles cérémonies, de nouveaux rituels se mettent en place, des recueils de textes et poésies, un choix de musiques, les gestes d’hommage se diversifient : Fleurs, pétales de roses, immortelles, pelletées de terre, et autres selon les souhaits de proches.

Les fleurs : Les fleurs ont changé aussi, d’abord les fleurs des funérailles, on voit moins de couronnes, mais plutôt des compositions florales, de plus petite taille. Moins ostentatoires, les fleurs des funérailles sont plus créatives.

Pour conclure : Il faut admettre, que les rituels de funérailles sont toujours le reflet d’une société, à un moment précis. Ce n’est pas pour rien, que les pompes funèbres furent somptueuses pour être, par la suite réduites au minimum, puis retrouver actuellement un sens, cette évolution se retrouve dans la pratique religieuse par exemple, on est passé de la grand-messe obligatoire, et célébrée par de nombreux participants, à un rituel trop sobre, à une participation religieuse plus réduite de nos jours, mais motivée par une plus forte spiritualité. La sociologie reflet de notre vie, est toujours en évolution et c’est ce qui est passionnant.
 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations