Le funéraire rassemble en son sein une grande variété de talents qui s’expriment au travers de professions diverses. Nombreux sont celles et ceux qui se sont rangés sous les bannières notamment de groupes d’intérêts, de franchiseurs, de fédérations, de centrales d’achat ou de référencement… des noms prestigieux, des références qu’il n’est plus besoin de présenter. La messe en est-elle dite pour autant ? Non bien sûr. Il existe encore un grand nombre d’opérateurs funéraires, PME de proximité, qui interviennent avec professionnalisme, efficacité et dévouement auprès des familles en deuil. Communément, nous les appelons "les indépendants". Aujourd’hui, cette majorité silencieuse s’exprime et se focalise autour d’un projet qui suscite un intérêt certain, le GOFI (Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants).
Visite guidée et commentaires…

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Valérie Touchard,
présidente du GIE GOFI.
Thierry Regnault de Montgon,
directeur général du GIE GOFI.

Une assistance nombreuse était présente lors de la présentation du GIE GOFI (Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants), au Mans le mercredi 25 avril dernier. Une révélation officielle attendue, un grand pas en avant pour la communauté des "indépendants" du funéraire. Est-ce pour autant un renoncement à cette fameuse indépendance ? Non, à en croire les propos de présentation de Valérie Touchard, présidente du GOFI, et de Thierry Regnault de Montgon, directeur général du groupement.

"Nous avons parfaitement conscience de la volonté de nos adhérents de rester maîtres de leurs destinées, mais également et surtout de leurs décisions entrepreneuriales. Cet esprit d’indépendance bien compréhensible se conjugue de façon cohérente avec le postulat fondateur du GOFI", souligne Valérie Touchard ; et d’ajouter : "Notre différence, loin de nous léser, nous enrichit, et ce sont sur ces complémentarités, savoir-faire et savoir-être essentiels que notre groupement puise sa détermination à se rassembler, maintenir et développer les activités de ses adhérents. Mais, il faut bien le reconnaître, il existe un domaine où nous devons nous regrouper sous peine de voir notre activité régresser, voire pour certains, disparaître. Ce domaine c’est celui des convois liés aux contrats obsèques. L’objectif du GOFI est bien de ramener des convois vers les indépendants en signant des partenariats contrats obsèques avec les grands assureurs et banquiers.

Longuement applaudie par la centaine d’invités à cette journée de présentation, Valérie Touchard détailla ensuite les objectifs prioritaires et analyses du marché funéraire, notamment sur le segment sensible des délégations de convois. En aparté quelques instants, Valérie Touchard, avec la passion que nous lui connaissons bien, et Thierry Regnault de Montgon, directeur général du GOFI, répondent à nos questions.

Résonance : Valérie Touchard, quelles furent les motivations qui conduisirent à la création du GOFI ?

Valérie Touchard : Je retiendrai trois facteurs déterminants.
Premier point : il n’est un secret pour personne que les indépendants du funéraire représentent environ 60 % du marché funéraire hexagonal. Paradoxalement, cette empreinte majoritaire reste discrète sur son activité, concentrée sur son quotidien, le développement qualitatif de ses services, l’accompagnement des familles, un ancrage profond et reconnu dans les territoires. On estime à 1 800/2 000 le nombre de points d’activité des "indépendants" sur le territoire métropolitain. Les 40 % restants sont les grandes enseignes nationales (réseaux, franchises, opérateurs publics…). Principalement, ces enseignes sont urbaines, on estime leur nombre d’agences également à 1 800/2 000.

Second point : le nombre de contrats obsèques en portefeuille, d’après une source FFA (Fédération Française de l’Assurance), connaît une augmentation annuelle de l’ordre de 6 %. De 3 186 000 en 2011, ce nombre atteint 4 500 000 en 2017. L’augmentation des détenteurs d’un contrat obsèques est également exponentielle, il est estimé que 55 % des obsèques dans 20 ans seront issus d’un contrat. Par un effet mécanique, les "indépendants" se trouvent exclus d’une partie croissante des convois. Il est donc logique de s’adapter à cette réalité du marché et de ses projections à court terme, sous peine de se condamner à être des prestataires agréés des groupes financiers, voire de disparaître.

Graf GOFI 01

Or, l’organisation et la réalisation des obsèques ne sont pas qu’affaire financière, loin de là. Tous ces scénarios de conquête des grandes enseignes semblent oublier que le facteur primordial reste le facteur humain, l’empathie, la disponibilité, l’accompagnement, le professionnalisme H24… Les obsèques sont avant toute chose affaire de proximité, et notre relation avec les familles se fait avant tout les yeux dans les yeux, avec humanité.

Troisième point et non des moindres : prendre conscience que, malgré une volonté compréhensible de rester libre et artisan de son destin, unir ses forces et devenir un levier représentatif dans notre nécessaire relation avec les groupes financiers ou tiers payeurs assurantiels, sont des atouts déterminants… Voici la partition sur laquelle nous devons faire valoir des harmoniques professionnelles profitables à l’ensemble des parties en présence. De ce point de vue, nous ne sommes pas une fédération, nous ne sommes pas une centrale d’achat ou de référencement, et nous ne souhaitons pas le devenir.
Nous sommes 2 000 et ce nombre nous le faisons désormais "1". Ce chiffre va peser positivement dans le débat. Nous sommes femmes et hommes de dialogue. Ce postulat rencontre déjà un intérêt particulier des grands groupes financiers. En effet, un dialogue maîtrisé sur la base d’un socle commun de prestations, de qualité démontrée, d’engagements respectés et prouvés, ne peut que satisfaire les parties en présence, à commencer par les familles, et est une valeur ajoutée notable pour nos images et nos réputations communes.

R : Thierry Regnault de Montgon, vous êtes le directeur général du GOFI et, à ce titre, vous allez conduire la politique insufflée par le conseil d’administration. Quels sont vos chantiers prioritaires ?

Thierry Regnault de Montgon : Il faut tout d’abord bien rappeler à mon sens l’objectif du GOFI, cité par Valérie Touchard : ramener des convois vers les indépendants en signant des partenariats contrats obsèques avec les grands assureurs et banquiers. C’est de cet objectif que découlent nos chantiers prioritaires.
Le premier chantier est de maximiser la couverture du territoire par le recrutement de nouveaux adhérents GOFI.
Le GOFI est un GIE (Groupement d’Intérêt Économique) détenu par chaque adhérent opérateur funéraire indépendant, en fonction de son nombre d’agences et de chambres funéraires. Adhérer au GOFI nécessite toutefois un préalable : être et rester un opérateur funéraire indépendant. Les opérateurs affiliés en partie ou en totalité à des groupes de services funéraires ou franchises n’ont pas vocation à adhérer au GOFI. Chaque adhésion est matérialisée par des parts sociales qui expriment le statut de membre du GIE, ainsi que par une cotisation annuelle des plus abordables, qui contribue au financement du GOFI et de ses actions.

La couverture des opérateurs funéraires indépendants est exceptionnelle : en moyenne, une agence est à 15 minutes de voiture de chez vous. Ce maillage des territoires est une réalité que nous structurons pour le bien commun, mais nous ne le dirons jamais assez, les opérateurs funéraires indépendants restent maîtres de leurs achats, stratégies, formations… et unissent leurs potentiels pour leur nécessaire relation avec les structures initiatrices de contrats obsèques. Notre groupement se compose de la façon suivante : 28 régions homogènes constituant un bassin de population de l’ordre de 2 millions d’habitants chacune. Les régions animent leur réseau et concentrent les informations pratiques et financières utiles à l’expression du GIE.

À compter de début mai et jusqu’à septembre 2018, nous organisons 95 réunions départementales, dont 78 sont déjà actées. Le deuxième chantier prioritaire est la construction des partenariats avec les grands groupes bancaires et d’assurances. Nous développons ainsi notre label et charte "Qualité d’engagement de services", garantie tangible pour les délégataires de convois et pour les banquiers et les assureurs. Par ailleurs, il faut souligner la présence et le soutien actif de nombreux fournisseurs qui témoignent de la pertinence de notre démarche et de notre business modèle.

R : Thierry Regnault de Montgon, quels objectifs motivants et réalistes caractérisent le GIE GOFI ?

TRdeM : Ils sont de trois ordres. Tout d’abord, "les familles". Comme je le soulignais, une agence à 15 minutes de voiture de chez vous, doit se traduire par une agence du GIE GOFI. Cela veut dire également contribuer à la liberté de choix des familles pour ce qui est de son opérateur funéraire, avec la certitude d’une réelle qualité et d’un accompagnement qualitatif prouvé.

Le second axe est constitué par "les banques, les assurances ou mutuelles, les assistances", notamment par la mise en place d’un numéro unique national et la gestion d’une base de données, mais aussi l’apport d’une qualité de prestation supérieure à celle d’un groupe. Enfin, la certitude de bénéficier de la synergie de proximité à terme de près de 1 500 points de vente.

Le troisième axe est porté par "les adhérents" du GIE GOFI, leur motivation, leur professionnalisme, qui ne demande qu’à s’exprimer à sa juste valeur. Ceci suppose a minima le maintien actuel du nombre de convois, mais surtout d’œuvrer à une augmentation de ceux-ci de l’ordre de 5 % par an et par adhérent. Enfin, rassembler le plus grand nombre possible d’adhérents autour de ce projet GIE qui respecte les intérêts de tous et est réellement porteur d’avenir.

R : Valérie Touchard, en conclusion, quelle valeur ajoutée est-elle essentielle à vos yeux dans la proposition du GIE GOFI ?

VT : Vous avez raison de souligner ce mot "valeur", qui revêt une importance particulière à nos yeux. La "valeur" est pour nous l’idéal professionnel qui nous anime. Ce métier exigeant ne s’effectue pas sans passion. Chaque famille est unique, et nous devons apporter le meilleur de nous-mêmes. La "valeur" est également l’éthique qui doit conduire notre relation avec nos interlocuteurs quels qu’ils soient, nos fournisseurs, les pouvoirs publics et les institutions. La "valeur" est aussi le savoir-faire et le savoir-être de nos propres personnalités. Le GIE GOFI est avant tout une conjugaison d’expériences contextuelles variées. Pour beaucoup, nous avons édifié au prix de très grands efforts sur plusieurs décennies des entreprises bien ancrées dans nos territoires. Nous connaissons le prix de l’indépendance.

La financiarisation du secteur funéraire, nous l’avons tous assimilée et "digérée" mais loin d’en tirer de l’amertume, nous avons transformé cette énergie en force de proposition, une force cohérente avec les exigences économiques du présent, mais également avec les très fortes exigences d’humanisme et de respect exprimées par l’ensemble de notre société française. Nous en sommes les témoins au quotidien. Nos valeurs, notamment de respect, d’écoute, d’accompagnement, de courage, de loyauté, de caractère, sont les synonymes qui synthétisent ce que nous sommes : des "indépendants", aujourd’hui rangés sous la bannière du GIE GOFI.

Nous ne verserons jamais dans les valeurs antonymes que sont la faiblesse, l’insignifiance, la médiocrité, ou, pire… la vanité. Un projet d’entreprise est certes un projet économique, mais c’est aussi et surtout un projet humain, un projet de vie, un projet qui est le miroir de nos âmes. Ce qui séduit dans le projet du GIE GOFI, opérateurs indépendants et structures financières, c’est précisément l’alliance entre le pragmatisme économique, le respect de l’indépendance, l’affirmation de la relation humaine. Un long et patient travail d’élaboration, de persuasion, d’évaluation, de dialogue et de contacts préliminaires trouve aujourd’hui l’accord parfait : la naissance du GIE GOFI.

La majorité silencieuse retrouve enfin la parole ! 

Steve La Richarderie

 

Résonance n°139 - Avril 2018

 

Instances fédérales nationales et internationales :

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