Cette fois-ci, le thanatopracteur n’est pas une simple victime assassinée dans le roman, il en est tout simplement le personnage principal. David Miller est thanatopracteur, il est même thanatopracteur-écrivain. Un écrivain en proie à des vieux démons, que l’écriture exorcise.
Une fois sorti des morgues, funérariums et autres athanées, David se livre à sa passion, l’écriture ; l’écriture de romans policiers, de polars...
Sa route va croiser celle d’Arthur Doffre, riche héritier, vieil homme paraplégique, qui souhaite faire revivre un ancien tueur en série, le Bourreau 117, par le truchement d’un roman.
David a un mois pour écrire ce roman, enfermé dans un chalet avec son épouse et sa fille, ainsi qu’avec Doffre et sa jeune compagne, Adeline. Mais il est des portes qu’il vaut mieux laisser fermées... et très vite, la psychose s’installe.
Un suspense prenant, un huis clos magnifique et oppressant, oppressant comme les mors d’un étau se resserrant au fur et à mesure sur les personnages pour faire jaillir le point commun, le détonateur…
On sent les influences subies par Franck Thilliez : un peu de Stephen King, surtout avec Miss Hyde, qui n’est pas sans rappeler Misery, et puis cet enfermement dans un chalet, fait penser à Shinning. Je dois même dire que je voyais les traits de Nicholson jeune pour David. Un peu de Thomas Harris avec Le Silence des agneaux et Hannibal. Et je pencherai pour une pincée de Patricia Cornwell pour la façon de décrire les scènes les plus "gores"...
Bonjour Franck, et merci de bien vouloir répondre à cette interview pour le magazine Résonance.
Question évidente, mais incontournable : Pourquoi un thanatopracteur, et comment t’est venue l’idée ?
Ce roman est un huis clos, c’est-à-dire une histoire où l’atmosphère joue une part très importante. Tout doit être fait pour emprisonner le lecteur avec les personnages. Je voulais une ambiance oppressante. Elle passe par le lieu (un chalet en Forêt-Noire), un décor extérieur (la neige, le froid, et une petite surprise que découvriront les lecteurs !) et je me suis dit qu’elle devait aussi, évidemment, passer par les personnages. Il me fallait, par exemple, un héros sombre, mystérieux, un héros dont le métier lui-même contribuerait à l’atmosphère du livre. Je me suis dit qu’une profession en rapport avec la mort, sur laquelle les gens se posent encore énormément de questions, serait l’idéal. J’aurais pu prendre un médecin légiste, mais je voulais un personnage qui ait une relation particulière, plus humaine que procédurale, avec la mort. D’où le choix du métier de thanatopracteur.
Certaines scènes sont d’une telle violence qu’il n’est pas facile de ne pas sombrer dans le morbide. As-tu l’impression d’avoir réussi à ne pas franchir cette ligne, et comment as-tu fait ?
Beaucoup de lecteurs qui viennent à ma rencontre me disent souvent : "C’est le roman le plus ‘gore’ que vous ayez écrit". Et pourtant, il n’y a quasiment pas une goutte de sang dans le roman ! Tout passe par la suggestion, l’ambiance écrasante dont je viens de parler. Je crois que dès que l’on touche à des domaines comme la mort, il faut rester prudent. La mort fascine les gens tant que l’on reste dans l’imaginaire, tant qu’il existe une distance entre eux-mêmes et la fin de vie. Mais dès que l’on devient un peu plus concret, dès qu’ils sentent la mort proche d’eux, pouvant jaillir du roman et frapper n’importe quand, cela les met mal à l’aise. C’est avec cette ambiguïté que j’ai joué dans mon histoire, sans cesse je marche sur la frontière entre réel et imaginaire. Parfois, je franchis cette frontière et d’autres fois, non. C’est là toute l’astuce du roman. C’était aussi pour moi un moyen de parler de ce métier que tout le monde connaît sans le connaître, celui de thanatopracteur. Permettre, peut-être, de balayer les clichés qui entourent votre profession…
La plume de Maât pèse exactement 125 grammes. Dans ton livre, le Bourreau 117 forçait les femmes à découper ce qu’elles voulaient sur le corps de leur mari, et à placer ces morceaux de corps sur une balance afin d’atteindre exactement les 125 grammes de la plume de Maât. La plume de Maât est, à ma connaissance, une arme peu usitée, tu dois être le premier à l’utiliser.
Certainement, oui. Le sadisme des assassins n’a pas de limite !
Maât est souvent représenté avec un Ankh à la main "caducée" des thanatopracteurs, hasard ou volonté ?
Tu sais quoi ? Tu viens de m’apprendre quelque chose ! Il s’agit donc de pur hasard, mais de ce fait, un hasard qui tombe bien. J’avais utilisé ce rituel de la plume de Maât pour démontrer la folie, la perversion de certains individus dans le monde d’aujourd’hui. À l’époque égyptienne, on pesait le cœur du défunt. S’il était en équilibre avec la plume de Maât, alors le défunt devenait apte à être introduit dans le monde des dieux. Le tueur dans La Forêt des ombres l’a adapté à sa sauce…
Quelle est ton actualité littéraire du moment ?
Je peaufine mon prochain roman, qui sera une véritable intrigue policière, avec une grosse et mystérieuse enquête. Pour la première fois, il va réunir mes deux héros fétiches, et ceux aussi préférés des lecteurs : Franck Sharko, héros de Train d’enfer pour ange rouge et Deuils de miel, ainsi que Lucie Henebelle, héroïne de La Chambre des morts et La mémoire fantôme. Cela a été vraiment intéressant de réunir ces deux personnages dans un même livre, de confronter leur caractère, leur manière de vivre. Ils sont très différents, mais en même temps, ils ont la même approche du métier de flic, qu’ils abordent par sa face la plus sombre. Ce qui est aussi palpitant, c’est que ces personnages vieillissent au même rythme que nous, vivent en dehors des livres. J’avais "abandonné" Sharko en 2006, il revient en 2010... Entre les deux, il a pris de l’âge et évolué. Il n’est pas immortel !
Merci, Franck, d’avoir bien voulu répondre à ces quelques questions.
Ce fut un plaisir.
Une fois sorti des morgues, funérariums et autres athanées, David se livre à sa passion, l’écriture ; l’écriture de romans policiers, de polars...
Sa route va croiser celle d’Arthur Doffre, riche héritier, vieil homme paraplégique, qui souhaite faire revivre un ancien tueur en série, le Bourreau 117, par le truchement d’un roman.
David a un mois pour écrire ce roman, enfermé dans un chalet avec son épouse et sa fille, ainsi qu’avec Doffre et sa jeune compagne, Adeline. Mais il est des portes qu’il vaut mieux laisser fermées... et très vite, la psychose s’installe.
Un suspense prenant, un huis clos magnifique et oppressant, oppressant comme les mors d’un étau se resserrant au fur et à mesure sur les personnages pour faire jaillir le point commun, le détonateur…
On sent les influences subies par Franck Thilliez : un peu de Stephen King, surtout avec Miss Hyde, qui n’est pas sans rappeler Misery, et puis cet enfermement dans un chalet, fait penser à Shinning. Je dois même dire que je voyais les traits de Nicholson jeune pour David. Un peu de Thomas Harris avec Le Silence des agneaux et Hannibal. Et je pencherai pour une pincée de Patricia Cornwell pour la façon de décrire les scènes les plus "gores"...
Bonjour Franck, et merci de bien vouloir répondre à cette interview pour le magazine Résonance.
Question évidente, mais incontournable : Pourquoi un thanatopracteur, et comment t’est venue l’idée ?
Ce roman est un huis clos, c’est-à-dire une histoire où l’atmosphère joue une part très importante. Tout doit être fait pour emprisonner le lecteur avec les personnages. Je voulais une ambiance oppressante. Elle passe par le lieu (un chalet en Forêt-Noire), un décor extérieur (la neige, le froid, et une petite surprise que découvriront les lecteurs !) et je me suis dit qu’elle devait aussi, évidemment, passer par les personnages. Il me fallait, par exemple, un héros sombre, mystérieux, un héros dont le métier lui-même contribuerait à l’atmosphère du livre. Je me suis dit qu’une profession en rapport avec la mort, sur laquelle les gens se posent encore énormément de questions, serait l’idéal. J’aurais pu prendre un médecin légiste, mais je voulais un personnage qui ait une relation particulière, plus humaine que procédurale, avec la mort. D’où le choix du métier de thanatopracteur.
Certaines scènes sont d’une telle violence qu’il n’est pas facile de ne pas sombrer dans le morbide. As-tu l’impression d’avoir réussi à ne pas franchir cette ligne, et comment as-tu fait ?
Beaucoup de lecteurs qui viennent à ma rencontre me disent souvent : "C’est le roman le plus ‘gore’ que vous ayez écrit". Et pourtant, il n’y a quasiment pas une goutte de sang dans le roman ! Tout passe par la suggestion, l’ambiance écrasante dont je viens de parler. Je crois que dès que l’on touche à des domaines comme la mort, il faut rester prudent. La mort fascine les gens tant que l’on reste dans l’imaginaire, tant qu’il existe une distance entre eux-mêmes et la fin de vie. Mais dès que l’on devient un peu plus concret, dès qu’ils sentent la mort proche d’eux, pouvant jaillir du roman et frapper n’importe quand, cela les met mal à l’aise. C’est avec cette ambiguïté que j’ai joué dans mon histoire, sans cesse je marche sur la frontière entre réel et imaginaire. Parfois, je franchis cette frontière et d’autres fois, non. C’est là toute l’astuce du roman. C’était aussi pour moi un moyen de parler de ce métier que tout le monde connaît sans le connaître, celui de thanatopracteur. Permettre, peut-être, de balayer les clichés qui entourent votre profession…
La plume de Maât pèse exactement 125 grammes. Dans ton livre, le Bourreau 117 forçait les femmes à découper ce qu’elles voulaient sur le corps de leur mari, et à placer ces morceaux de corps sur une balance afin d’atteindre exactement les 125 grammes de la plume de Maât. La plume de Maât est, à ma connaissance, une arme peu usitée, tu dois être le premier à l’utiliser.
Certainement, oui. Le sadisme des assassins n’a pas de limite !
Maât est souvent représenté avec un Ankh à la main "caducée" des thanatopracteurs, hasard ou volonté ?
Tu sais quoi ? Tu viens de m’apprendre quelque chose ! Il s’agit donc de pur hasard, mais de ce fait, un hasard qui tombe bien. J’avais utilisé ce rituel de la plume de Maât pour démontrer la folie, la perversion de certains individus dans le monde d’aujourd’hui. À l’époque égyptienne, on pesait le cœur du défunt. S’il était en équilibre avec la plume de Maât, alors le défunt devenait apte à être introduit dans le monde des dieux. Le tueur dans La Forêt des ombres l’a adapté à sa sauce…
Quelle est ton actualité littéraire du moment ?
Je peaufine mon prochain roman, qui sera une véritable intrigue policière, avec une grosse et mystérieuse enquête. Pour la première fois, il va réunir mes deux héros fétiches, et ceux aussi préférés des lecteurs : Franck Sharko, héros de Train d’enfer pour ange rouge et Deuils de miel, ainsi que Lucie Henebelle, héroïne de La Chambre des morts et La mémoire fantôme. Cela a été vraiment intéressant de réunir ces deux personnages dans un même livre, de confronter leur caractère, leur manière de vivre. Ils sont très différents, mais en même temps, ils ont la même approche du métier de flic, qu’ils abordent par sa face la plus sombre. Ce qui est aussi palpitant, c’est que ces personnages vieillissent au même rythme que nous, vivent en dehors des livres. J’avais "abandonné" Sharko en 2006, il revient en 2010... Entre les deux, il a pris de l’âge et évolué. Il n’est pas immortel !
Merci, Franck, d’avoir bien voulu répondre à ces quelques questions.
Ce fut un plaisir.
Sébastien Mousse,
thanatopracteur.
thanatopracteur.
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :