Réflexions
Je ne sais pas si vous avez fait la même observation que moi, ces dernières semaines, mais chaque fois que j'ai regardé la télévision, je suis "tombé" sur une émission qui parlait des prochaines élections présidentielles aux États-Unis : Une interview par-ci, un reportage par-là, une grande enquête par ailleurs… sans oublier les envoyés spéciaux et les mille et un commentaires, pas toujours passionnants d'ailleurs. Profitant de cet engouement médiatique, j'ai pris contact avec quelques uns de mes amis qui vivent au royaume du dollar (dollar qui reprend un peu du poil de la bête ces derniers jours, d'ailleurs) pour faire le point sur l'évolution de la thanatopraxie dans ce grand et beau pays.
Le premier constat est rassurant : La thanatopraxie se porte bien aux États-Unis. Si les chiffres précis me manquaient encore à l'heure du bouclage de Reson@ance, il ne fait aucun doute que les familles qui demandent que des soins thanatopraxiques soient pratiqués sur leurs proches, sont de plus en plus nombreuses. Rappelons toutefois pour commencer que les Américains ont adopté la même définition que nous. Comme l'indique l'Encyclopédie Columbia qui fait référence en matière de connaissances, la thanatopraxie est considérée comme la "technique qui consiste à préserver le corps humain des dégradations naturelles avec des moyens artificiels". Pour l'essentiel, les méthodes utilisées aux États-Unis sont les mêmes qu'en Europe, même si les références techniques évoquent plus souvent que chez nous, les méthodes autrefois utilisées par les Mayas et par les Aztèques. Il ne faut pas en chercher l'explication bien loin : Assurément les Indiens d'Amérique latine sont plus proches des Américains que les Égyptiens du vieux continent… si l'on peut dire. Il n'est pas question ici d'entamer une réflexion approfondie sur les techniques et sur l'avenir de notre profession des deux côtés de l'Atlantique, mais qu'il me soit permis d'évoquer deux points qui pourraient nourrir de futurs débats dans les salons professionnels, par exemple, ou lors des réunions des fédérations.
"Instructionnal Program"
La formation d'abord. Comme en France, les écoles de thanatopraxie dispensent des programmes d'enseignement similaires qui comprennent tous un tronc commun à l'ensemble des métiers de la filière. En clair : Quel que soit le métier que vous apprenez dans la filière funéraire, il comprend un module commun. Pas question donc pour un futur opérateur de pompes funèbres d'ignorer les connaissances de base de la thanatopraxie : Anatomie, biologie, pathologies, produits et même un premier niveau de techniques de restauration. Sans oublier les textes réglementaires et législatifs de l'ensemble de notre métier.
"À quoi cela sert-il donc ?", vous demandez-vous certainement. À mieux connaître les métiers, à autoriser des choix de carrière sur des bases plus objectives, à faciliter le changement de profession tout au long de la vie. Certes, le tronc commun existe dans les formations dispensées en France, mais certainement pas au niveau qu'il a atteint aux États-Unis. Pourquoi ne pas s'inspirer de cette démarche ? C'est en tout cas ce que nous avons fait lorsque nous avons élaboré la charte de l'Institut Européen de Thanatopraxie (IET).
J'ai également noté l'existence d'un "Classification of Instructional Programs" (CIP), sorte de guide de l'enseignement qui recense l'ensemble des formations et des diplômes disponibles dans différents secteurs d'activités, y compris donc dans les métiers du funéraire et principalement de la thanatopraxie. Pourquoi ne pas créer ici un tel outil qui recense également, en temps réel, les textes juridiques et législatifs, il est vrai fort moins nombreux aux États-Unis qu'en France ? Nous y verrions beaucoup plus clair, ce qui ne serait pas forcément inutile.
Concernant la formation, je ne peux enfin m'empêcher de mentionner que je n'ai pas trouvé aux États-Unis, la moindre trace d'un Jury national de la thanatopraxie ! Ceux qui me connaissent savent que c'est un point qui est cher à mon éthique professionnelle …
Transmission d'entreprises
Le second point que je voudrais évoquer ici porte sur l'esprit "libéral" qui souffle sur la thanatopraxie aux États-Unis. Je m'explique. Presque tous mes interlocuteurs américains m’ont signalé les opportunités d’emploi qui existent dans leur pays dans les métiers du funéraire. "Il suffit de feuilleter les annonces d'emplois dans les journaux grand public pour découvrir de nombreuses offres", m'ont-ils expliqué. Non seulement en matière d'emplois salariés, mais aussi dans le domaine de la reprise de sociétés. Dans le Vermont, dans l'État de Washington, dans le Kansas, en Californie, en Floride, dans le Tennessee… et aussi à Hawaï (État américain, ne l'oublions pas), les licences d'exploitation à reprendre sont extrêmement nombreuses. Il faut y voir, bien sûr, l'approche de l'âge de la retraite pour un certain nombre de dirigeants d'entreprises, mais aussi une plus grande mobilité professionnelle qu'en France. "Il n'est pas rare", m'a-t-on expliqué plusieurs fois, "que des professionnels achètent des affaires, les développent et les revendent en réalisant parfois de belles plus-values". C'est une dimension qui n'existe pas (pas encore ?) en France et en Europe. Il ne serait pas inutile d'évoquer ce point lors de rencontres officielles avec les pouvoirs publics.
Hollywood
Je ne sais pas si vous avez fait la même observation que moi, ces dernières semaines, mais chaque fois que j'ai regardé la télévision, je suis "tombé" sur une émission qui parlait des prochaines élections présidentielles aux États-Unis : Une interview par-ci, un reportage par-là, une grande enquête par ailleurs… sans oublier les envoyés spéciaux et les mille et un commentaires, pas toujours passionnants d'ailleurs. Profitant de cet engouement médiatique, j'ai pris contact avec quelques uns de mes amis qui vivent au royaume du dollar (dollar qui reprend un peu du poil de la bête ces derniers jours, d'ailleurs) pour faire le point sur l'évolution de la thanatopraxie dans ce grand et beau pays.
Le premier constat est rassurant : La thanatopraxie se porte bien aux États-Unis. Si les chiffres précis me manquaient encore à l'heure du bouclage de Reson@ance, il ne fait aucun doute que les familles qui demandent que des soins thanatopraxiques soient pratiqués sur leurs proches, sont de plus en plus nombreuses. Rappelons toutefois pour commencer que les Américains ont adopté la même définition que nous. Comme l'indique l'Encyclopédie Columbia qui fait référence en matière de connaissances, la thanatopraxie est considérée comme la "technique qui consiste à préserver le corps humain des dégradations naturelles avec des moyens artificiels". Pour l'essentiel, les méthodes utilisées aux États-Unis sont les mêmes qu'en Europe, même si les références techniques évoquent plus souvent que chez nous, les méthodes autrefois utilisées par les Mayas et par les Aztèques. Il ne faut pas en chercher l'explication bien loin : Assurément les Indiens d'Amérique latine sont plus proches des Américains que les Égyptiens du vieux continent… si l'on peut dire. Il n'est pas question ici d'entamer une réflexion approfondie sur les techniques et sur l'avenir de notre profession des deux côtés de l'Atlantique, mais qu'il me soit permis d'évoquer deux points qui pourraient nourrir de futurs débats dans les salons professionnels, par exemple, ou lors des réunions des fédérations.
"Instructionnal Program"
La formation d'abord. Comme en France, les écoles de thanatopraxie dispensent des programmes d'enseignement similaires qui comprennent tous un tronc commun à l'ensemble des métiers de la filière. En clair : Quel que soit le métier que vous apprenez dans la filière funéraire, il comprend un module commun. Pas question donc pour un futur opérateur de pompes funèbres d'ignorer les connaissances de base de la thanatopraxie : Anatomie, biologie, pathologies, produits et même un premier niveau de techniques de restauration. Sans oublier les textes réglementaires et législatifs de l'ensemble de notre métier.
"À quoi cela sert-il donc ?", vous demandez-vous certainement. À mieux connaître les métiers, à autoriser des choix de carrière sur des bases plus objectives, à faciliter le changement de profession tout au long de la vie. Certes, le tronc commun existe dans les formations dispensées en France, mais certainement pas au niveau qu'il a atteint aux États-Unis. Pourquoi ne pas s'inspirer de cette démarche ? C'est en tout cas ce que nous avons fait lorsque nous avons élaboré la charte de l'Institut Européen de Thanatopraxie (IET).
J'ai également noté l'existence d'un "Classification of Instructional Programs" (CIP), sorte de guide de l'enseignement qui recense l'ensemble des formations et des diplômes disponibles dans différents secteurs d'activités, y compris donc dans les métiers du funéraire et principalement de la thanatopraxie. Pourquoi ne pas créer ici un tel outil qui recense également, en temps réel, les textes juridiques et législatifs, il est vrai fort moins nombreux aux États-Unis qu'en France ? Nous y verrions beaucoup plus clair, ce qui ne serait pas forcément inutile.
Concernant la formation, je ne peux enfin m'empêcher de mentionner que je n'ai pas trouvé aux États-Unis, la moindre trace d'un Jury national de la thanatopraxie ! Ceux qui me connaissent savent que c'est un point qui est cher à mon éthique professionnelle …
Transmission d'entreprises
Le second point que je voudrais évoquer ici porte sur l'esprit "libéral" qui souffle sur la thanatopraxie aux États-Unis. Je m'explique. Presque tous mes interlocuteurs américains m’ont signalé les opportunités d’emploi qui existent dans leur pays dans les métiers du funéraire. "Il suffit de feuilleter les annonces d'emplois dans les journaux grand public pour découvrir de nombreuses offres", m'ont-ils expliqué. Non seulement en matière d'emplois salariés, mais aussi dans le domaine de la reprise de sociétés. Dans le Vermont, dans l'État de Washington, dans le Kansas, en Californie, en Floride, dans le Tennessee… et aussi à Hawaï (État américain, ne l'oublions pas), les licences d'exploitation à reprendre sont extrêmement nombreuses. Il faut y voir, bien sûr, l'approche de l'âge de la retraite pour un certain nombre de dirigeants d'entreprises, mais aussi une plus grande mobilité professionnelle qu'en France. "Il n'est pas rare", m'a-t-on expliqué plusieurs fois, "que des professionnels achètent des affaires, les développent et les revendent en réalisant parfois de belles plus-values". C'est une dimension qui n'existe pas (pas encore ?) en France et en Europe. Il ne serait pas inutile d'évoquer ce point lors de rencontres officielles avec les pouvoirs publics.
Hollywood
Enfin, à l'heure où va s'ouvrir à Deauville, le Festival du film américain, dont le succès ne se dément pas depuis une vingtaine d'années, il m'a semblé intéressant d'évoquer le traitement que fait Hollywood de la mort et de la thanatopraxie. Bien sûr, il y a Six Feet Under dont Canal Plus avait diffusé la première saison, il y a quelques années et dont, pour la petite histoire, la maison qui a servi de lieu de tournage à Los Angeles demeure invendue car les rumeurs les plus farfelues circulent à son propos, notamment qu'elle serait hantée. Une chose est sûre en tout cas, le jeune et attachant Hector Fédérico "Rico" Diaz", le jeune thanatopracteur de la série, a sûrement fait beaucoup pour l'image de notre métier partout dans le monde où la série a été diffusée. Côté "image", on peut également citer "My Girl", film dans lequel on croise le directeur d'une entreprise funéraire qui demande à sa fille de bien vouloir cesser de chanter devant lui, car il est justement en train d'effectuer des soins thanatopraxiques à l'un de ses anciens professeurs. Désopilant !
Il y a encore "Family Plots", une émission de télé-réalité diffusée par A&E Network qui a rendu célèbre une femme qui travaillait à l'époque en tant que thanatopracteur. Je ne peux enfin résister au plaisir de vous citer une publicité où l'on voit un homme d'un certain âge, souriant, plein de vie et l'œil facétieux, un téléphone à la main : "Mais pourquoi donc un site internet sur la thanatopraxie ?" semble-t-il demander.
C'est aussi pour cette raison que j'aime l'Amérique : Ces gens-là savent faire les choses sérieusement sans forcément se prendre au sérieux. C'est un peu ce qui manque souvent en France !
Christian Raffault
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