Applaudi ou décrié, le rapport sur la "libération de la croissance", commandé par le chef de l'État et le Premier ministre à Jacques Attali mérite largement mieux que le survol rapide qu'en ont fait beaucoup de médias. Naturellement, les rapporteurs n'abordent pas directement les questions relatives au funéraire, et encore moins celles qui touchent la thanatopraxie. Toutefois, le travail des rapporteurs, facilement consultable sur internet, traite d'au moins deux thèmes qui peuvent éclairer l'avenir de nos professions : Le vieillissement de la population et l'intégration européenne.
Décryptage et réflexions :

1 - Vieillissement de la population

Assurément, le rapport commandé par Nicolas Sarkozy et François Fillon à Jacques Attali ne passe pas inaperçu. "Ce n’est ni un rapport, ni une étude, mais un mode d’emploi pour des réformes urgentes et fondatrices", explique Jacques Attali dans la préface du document remis officiellement le 23 janvier dernier. "Il n’est ni partisan, ni bipartisan. Ce n’est pas non plus un inventaire dans lequel un gouvernement pourrait picorer à sa guise, et moins encore un concours d’idées originales condamnées à rester marginales. C’est un ensemble cohérent, dont chaque pièce est articulée avec les autres, dont chaque élément constitue la clé de la réussite du tout". Ligne directrice du texte : Dresser un diagnostic de l’état du monde et de la France. Le projet est, sans aucun doute, ambitieux et, au regard des contestations qu'il soulève, suffisamment novateur – voire provocateur – pour nourrir les polémiques.

Permettez-moi de laisser de côté, ici, les grands principes du rapport qui ont été largement présentés et commentés par ailleurs, pour ne retenir que deux points qui me semblent concerner de près l'avenir des métiers du funéraire, et de la thanatopraxie en France dans les années qui viennent. Le vieillissement de la population qui est dans le droit chemin de l'Institut Européen de Thanatopraxie (IET) qui vient de voir le jour à Noisy-le-grand, et l'intégration européenne.

La question du vieillissement de la population, d'abord. Cet aspect nous concerne directement puisque le taux de mortalité baisse au fur et à mesure que l'espérance de vie des Français augmente. Il faut s'en réjouir, même si le nombre de décès annuels n'augmentera pas avant une bonne vingtaine d'années, contraignant nos entreprises à s'adapter à une baisse de la demande. "L'espérance de vie à 60 ans est aujourd’hui de quatre-vingt-deux ans pour les hommes et de quatre-vingt- sept ans pour les femmes", analysent les auteurs de ce chapitre. C’est" une vie en plus" que nous avons conquise en un siècle ! Il existe aujourd’hui un relatif consensus pour considérer que le seuil de 75 ans est pertinent pour marquer l’entrée dans la "vieillesse", définie par une augmentation de la prévalence des maladies et handicaps de fin de vie".

Il faudrait donc apprendre à penser l'âge des Français autrement, poursuit le rapport Attali. Selon lui, c'est une erreur de compter ainsi à partir du seuil symbolique de 60 ans, car "ce seuil a un fort impact psychologique". "Compter administrativement et statistiquement comme "vieilles" les personnes de 60 ans accentue les effets réels du vieillissement. Dans une entreprise où la retraite est fixée à 55 ans, le salarié de 54 ans est en extrême fin de parcours, à quelques mois de la retraite. C’est un "vieux". Si l’âge normal de départ était fixé à 65 ans, ce serait un travailleur expérimenté ayant devant lui plus de dix ans de carrière". Que l'on songe un instant à la manière dont cette réflexion pourrait nous aider à mieux penser la préparation des funérailles par les familles et le développement des contrats obsèques. Puisque la probabilité de l'âge du décès ne cesse de reculer, pourquoi ne pas songer à régler les modalités des funérailles dès le "milieu de vie", c'est-à-dire la cinquantaine, lorsque les gens ne sont plus si jeunes pour être insouciants, ni si âgés pour penser que leur décès est imminent ? Les relations commerciales en seraient certainement plus simples !

2 - L'intégration européenne

On sait à quel point je suis personnellement attaché à la prise en compte des cadres, géographique, économique et politique dans lesquels les métiers du funéraire, et particulièrement la thanatopraxie, doivent être pensés. C'est dans cet esprit que j'ai activement poussé à la création de l'Institut Européen de Thanatopraxie dont le nombre d'adhérents ne cesse aujourd'hui d'augmenter. Ce n'est donc pas sans une certaine fierté que j'ai constaté que j'étais "sur la même longueur d'ondes" – comme on dit - que le rapport Attali, du moins en ce qui concerne l'Europe. Il faut "recentrer l’Union sur quelques priorités – l’excellence  universitaire, la recherche, les coopérations, industrielle et technologique – et lui donner, enfin, les moyens juridiques et financiers d’aboutir",  estime t-il. Les États membres vont devoir "mener à bien la réforme des marchés du travail et des systèmes de protection sociale, en assumant le coût du changement puisque seul, celui-ci  pourra permettre à la France de préserver tant sa compétitivité économique que son modèle social".

"Mais les obstacles restent nombreux : Étroitesse des marges de manœuvre budgétaires, inertie des politiques publiques, permanence de certains tabous. Il n’y aura pas de progrès sans choix courageux, voire douloureux", conclut le rapport sur l'aspect européen des réformes à entreprendre. Il ne faudrait pas que nos métiers, sous prétexte de préserver des situations acquises restent à l'abri des bouleversements en cours et à venir. C'est à ce prix que le funéraire et la thanatopraxie continueront de trouver leur juste place dans la société de demain. "Le monde est emporté par la plus forte vague de croissance économique de l’histoire, créatrice à la fois de richesses inconnues et d’inégalités extrêmes, de progrès et de gaspillages, à un rythme inédit. L’humanité en sera globalement bénéficiaire. La France doit en créer sa part", concluent les auteurs du rapport. En ce qui concerne, la thanatopraxie, l'Institut européen de thanatopraxie devra y contribuer.

Christian Raffault

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations