On croyait l'Europe ralentie. Largement grâce à l'efficacité du nouveau Président de la République Française, la signature, avant l'été, d'un traité simplifié relance les perspectives d'intégration. Jusqu'à présent, les métiers du funéraire et principalement la thanatopraxie étaient restés absents du débat. Mais les choses bougent. Afin que tous les thanatopracteurs puissent exercer leur métier dans tous les états membres de l'Union, "l'Institut Européen de Thanatopraxie" vient de voir le jour. Installé à Noisy-le-Grand, il entend participer aux discussions sur l'harmonisation nécessaire des législations européennes.
Il vise à jouer un rôle pour que les intérêts des thanatopracteurs soient respectés et défendus partout en Europe. Il vise à être l'interlocuteur des pouvoirs publics – en France et en Europe – pour la validation d'un diplôme européen de thanatopraxie. C'est un tournant majeur de la profession qui s'annonce.
Sans doute parce que je suis moi-même titulaire du diplôme anglais de thanatopracteur, le British Instistute of Embalmers, j'avais déjà attiré l'attention des professionnels du funéraire sur l'importance du traité de Schengen. Comme vous le savez, ce dernier a instauré un espace de libre circulation des personnes entre les états signataires (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède…), et sur les conséquences que cet accord entraînerait sur le plan économique, notamment sur les questions relatives au travail. Aujourd'hui : nous sommes au cœur du débat. L'histoire du plombier polonais venu travailler en France en toute légalité, à des prix sans commune mesure avec les tarifs français, est restée dans toutes les mémoires. Si nous ne voulons pas que les professionnels du funéraire et notamment les thanatopracteurs, subissent de plein fouet une concurrence qui pourrait apparaître comme déloyale, il convient d'anticiper sur les évolutions futures. Nous ne pouvons pas, et nous ne devons pas, accepter que des thanatopracteurs venus d'autres pays européens puissent exercer sur le territoire national comme bon leur semble, et sans aucun contrôle de leurs compétences ou qualifications.

On le sait, le débat est en cours en haut lieu. Dans les cabinets ministériels, dans les couloirs de l'assemblée nationale et du sénat, dans certaines fédérations professionnelles et principalement la CPFM, on réfléchit à ce qu'il faudrait mettre en place pour harmoniser - au niveau européen - le cadre légal et juridique de l'exercice des métiers du funéraire. Vous imaginez bien qu'en ce qui concerne la thanatopraxie, cette question sollicite toute mon attention. C'est donc dans cette logique que j'ai accepté la présidence de l'Institut Européen de Thanatopraxie (IET) qui vient de voir le jour. L'IET qui a installé son siège social à Noisy-le-Grand vise à jouer un rôle majeur dans le débat qui permettra, à terme, l'exercice de la thanatopraxie dans l'ensemble de l'Europe.

Essayons d'être simple et de ne pas parler un langage trop administratif : Bientôt, tous les thanatopracteurs diplômés pourront exercer la thanatopraxie dans n'importe quel pays membre de l'espace économique européen. On peut être plus ou moins favorable à cette future réalité, mais il n'est plus nécessaire d'en débattre puisque cela se fera. Par contre, nous, thanatopracteurs, nous ne pouvons pas accepter que cela se fasse n'importe comment. C'est pour cette raison que l'Institut Européen de Thanatopraxie a été créé. Non seulement, il présentera ses idées dans le domaine, mais en plus, cet institut européen de thanatopraxie va jouer un rôle majeur pour la création d'un diplôme européen de thanatopraxie, qui témoignera des compétences européennes de ceux à qui il sera délivré. C'est un tournant historique, qui se jouera dans les mois qui viennent. Nous aurons largement l'occasion d'en reparler. Pour l'heure, qu'il me soit permis ici d'exposer mes idées sur le sujet. Idées qui, pour l'essentiel, sont également celles des fondateurs de l'Institut Européen de Thanatopraxie.

Avant d'autoriser l'exercice de la thanatopraxie dans n'importe quel pays européen, il faudra s'assurer que cette profession est bel et bien reconnue en tant que telle par les différentes législations nationales. Cela peut paraître évident, mais l'administration étant ce qu'elle est, il ne sera pas inutile de le mentionner dans les textes. Venons-en maintenant à l'essentiel : Dans quelles conditions un thanatopracteur sera-t-il reconnu en tant que tel partout en Europe, et dans quelles conditions sera-t-il autorisé à exercer dans un autre pays que son pays d'origine ? De l'avis des créateurs de l'institut européen de thanatopraxie, trois cas de figures se présenteront :
  • Le thanatopracteur ayant déjà exercé son métier.
  • Le thanatopracteur ayant statut de travailleur indépendant.
  • Le thanatopracteur salarié.

Dans tous les cas de figures, le postulant à une délivrance du diplôme européen de thanatopraxie, devra avoir exercé la thanatopraxie dans son pays d'origine un certain nombre d'années et devra être en mesure de le prouver. De l'avis de l'Institut européen de thanatopraxie, un minimum de trois ans consécutifs doit être considéré comme le minimum requis. A la rigueur, on pourrait assortir cette exigence de considérations particulières (par exemple, deux ans seulement à condition que le postulant ait bénéficié d’une année de formation dans un organisme reconnu par l’état, ou bien de deux ans seulement, s’il a auparavant exercé la profession de thanatopracteur, en tant que salarié pendant une période de trois ans).

Au regard de la situation qui prévaut aujourd'hui en France, il est évident qu’il faudra également prendre en compte les thanatopracteurs, qui ont travaillé ou qui travaillent comme travailleurs indépendants dans d’autres pays que le nôtre. Ici aussi, une période de trois ans paraît absolument indispensable. Et l’on fera également de même pour les salariés : Exiger un minimum de trois ans d’activité, en tant que salarié dans une entreprise de thanatopraxie.
Dans tous les cas, pour éviter les détournements toujours imaginables de la législation, il faudra non seulement que l’activité ait été exercée pendant trois années consécutives, mais aussi que cette expérience ait été acquise pendant les dix années qui précéderont la demande de reconnaissance de qualification professionnelle européenne.
Sur quels critères faudra-t-il évaluer alors le niveau des thanatopracteurs venus des autres pays ? Beaucoup d'entre vous savent ce que je pense du jury national, de ses dysfonctionnements et de ses approximations…. Pourtant, dans l’état actuel des choses, je ne vois guère d’autres solutions que d’exiger que le contenu de l'ensemble des diplômes européens (ou des certificats, on peut comprendre que le nom des diplômes varie selon les pays) soit au moins égal à celui du diplôme national de thanatopraxie. Il faudra bien sûr que ce diplôme ait été délivré par une autorité compétente et surtout qu’il témoigne de la formation réelle, et j’insiste sur ce terme, des thanatopracteurs dans leurs propres pays. Bien sûr, cette formation aura du être suivi dans un pays membre de l'union européenne ou dans l’espace économique européen, afin d’éviter la délivrance d’équivalences dont on imagine qu’elles pourraient ne correspondre à rien du tout.

Jusqu'à présent, il me semble que, dans leur ensemble, les thanatopracteurs français devraient êtres d’accord avec moi sur tous les points que je viens de mentionner. Mais les créateurs de l'institut européen de thanatopraxie estiment qu'il faudrait aller encore plus loin dans la recherche d’une uniformité des connaissances européennes en matière de thanatopraxie. En effet, il faudrait laisser la possibilité à l’autorité administrative française d’exiger, après avoir procédé à la vérification des connaissances acquises par le demandeur,  que celui-ci accomplisse un stage d’adaptation ou bien se soumette à une épreuve d’aptitude préalablement à la reconnaissance de ses qualifications. Nous devons en effet faire en sorte d’avoir la certitude que les thanatopracteurs venus d’autres pays européens aient effectivement réellement pratiqué des soins. Il est en fait hors de question, que ce qui s’est produit par le passé en France ne se reproduise au niveau européen. Nous ne voulons pas voir arriver en France, des thanatopracteurs qui n'auraient jamais vu de cadavres, ni jamais pratiqué de soins de thanatopraxie… !

Dans un souci d'efficacité, il faudrait également imposer aux autorités administratives de ne pas dépasser un certain délai pour accorder ou refuser les autorisations. Un délai de trois, voire quatre mois maximum, paraît raisonnable. En tout cas, pas plus.

L'institut européen de thanatopraxie aura sans aucun doute l'occasion d'exposer très largement ses ambitions et ses objectifs dans les mois qui viennent. Plus nombreux seront les thanatopracteurs à en devenir membres, plus efficace et plus rapide sera son action. Assurément, l'institut européen de thanatopraxie facilitera la reconnaissance européenne du diplôme national à ses membres !
 
Christian Raffault

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations