"C’est au haut Moyen Âge que les premières applications de l’embaumement pratique apparaissent en France. Il s’agit en premier lieu de conserver temporairement le corps des grands personnages politiques et religieux, décédés loin du lieu de sépulture dévolu à leur rang, afin d’assurer matériellement le transfert de leurs restes mortels.

 

Le rapatriement des cadavres sur de longues distances contribue donc au développement des techniques d’embaumement, qui voient leur champ d’application se diversifi er avec l’augmentation du rituel d’exposition des traits physiques du défunt. Au XIVe siècle, l’exposition prolongée du corps du roi, à visage découvert, devient un rituel générateur d’embaumement.


Les modalités d’application de l’embaumement médiéval s’échelonnent ainsi entre la nécessité de juguler les difficultés logistiques d’un long transport et le souci pragmatique d’éviter les affres d’une dégradation inconcevable pendant le temps de l’exposition.


Mais les modes opératoires sont empiriques et l’effi cacité conservatrice des traitements aléatoire. Les embaumeurs de la Renaissance, soucieux de faire progresser l’embaumement, modifient les méthodes et introduisent les baumes, les onguents et les poudres à visées dessiccatives, déshydratantes.


Le procédé se veut être positif et connaît du XVIe au XVIIIe siècle un véritable essor avec l’apparition et le développement de l’embaumement anatomique.


Les domaines d’application de l’art s’élargissent : l’enjeu de la conservation consiste non seulement à transporter ou à exposer la dépouille, mais aussi à disséquer, à enseigner, montrer et éduquer, voire, dans une moindre mesure, à se soigner. En l’espace de trois siècles, les anatomistes et les naturalistes impulsent un souffle nouveau à la pratique en proposant des techniques rationnelles et innovantes sur lesquelles vont venir se greffer les grandes révolutions opératoires du siècle suivant.


Deux périodes d’acquisitions techniques jalonnent ainsi la naissance de l’embaumement moderne au XIXe siècle. Les années 1801 - 1845 voient naître les méthodes par injections intra-artérielles d’une solution chimique conservatrice et les trois dernières décennies du siècle, l’incroyable essor des nouvelles solutions chimiques antiseptiques.


À l’aube du XXe siècle, les fondements techniques de l’embaumement chimique moderne sont quasiment établis en France tandis que se profilent les prémices d’un changement des mentalités des vivants à l’égard de la mort et du cadavre. C’est d’ailleurs dans une société de plus en plus soucieuse de propreté et d’asepsie que l’embaumement pratique - à travers la thanatopraxie - va trouver de nouveaux ressorts d’application dans la seule préoccupation du traitement hygiénique du cadavre.


Aujourd’hui, les corps de plus de deux cent mille défunts sont embaumés par la méthode moderne de la thanatopraxie pour pallier les désagréments de trop longs transferts, pour répondre aux impératifs d’une exposition prolongée du corps du défunt sans avoir à subir les inconvenances d’une putréfaction trop avancée ou, tout simplement, pour le simple confort psychologique d’être en présence d’un cadavre aseptisé.


Deux cent mille cadavres traités pour des raisons pragmatiques qui témoignent, aujourd’hui comme hier, d’un même respect pour l’individu et sa dépouille mortelle.


Deux cent mille raisons qui donnent à cette autre histoire de l’embaumement pratique toute sa raison d’être.


Mélanie Lemonnier

Instances fédérales nationales et internationales :

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