Jean CrenoM. Jean Créno, maire du Mesnil-Saint-Denis (78).

M. Jean Créno, maire du Mesnil-Saint-Denis (78), accompagné de M. Jean-Michel Michenaud, 1er adjoint en charge du projet, nous parle de la réalisation du site cinéraire de la commune. Véritable réussite à tout point de vue, ce site cinéraire est parvenu à faire l'unanimité, non seulement auprès des élus et des administrés, mais également auprès des riverains. Retour sur un projet bien réfléchi et parfaitement conduit, qui aura vu les élus de tous bords s'investir cœurs et âmes pour voir leur commune se doter d'un des plus remarquables sites cinéraires de France.

 

Résonance : M. Créno, pouvez-vous nous rappeler brièvement la genèse de votre projet de site cinéraire ?

 

Jean Créno : C'est très simple, la loi du 19 décembre 2008 obligeait toute commune de plus de 2000 habitants à s'équiper d'un espace cinéraire, ou plus précisément, à entamer les travaux qui y sont relatifs, et ce, avant décembre 2012. Le Mesnil-Saint-Denis disposait déjà de columbariums, mais ces derniers étaient pratiquement complets, aussi avons-nous pris un maximum de précautions afin, d'une part, d'assurer aux administrés une continuité dans la proposition de concessions propres aux personnes ayant fait le choix de la crémation, et d'autre part, nous souhaitions, avec une certaine anticipation, être en conformité avec la réglementation en vigueur.

 

R : Outre la contrainte législative, avez- vous rencontré d'autres problématiques au cours de la réalisation du projet ?

 

JC : Du point de vue foncier, nous n'avons pas rencontré de difficultés particulières car la commune était propriétaire des terrains annexes au cimetière et nous avons pu y réaliser le cite cinéraire. Cela a grandement facilité les choses, notamment en termes de délais. Cela n'a pas été aussi simple avec les riverains... Nous avons fait preuve de sagesse et nous avons été à l'écoute des attentes des riverains afin de mener au mieux les négociations qui s'imposaient, en mettant l’accent sur la notion d'intégration environnementale. Ainsi, la commune a fait un gros effort sur l'as- pect paysagé du site, notamment avec l'implantation d'arbres palissés qui font office de brise-vue pour les maisons qui sont à proximité directe du site cinéraire.

 

R : M. Créno, lors du lancement de l'apel d'offres relatif à ce projet cinéraire, aviez-vous une idée arrêtée sur l'aspect esthétique du site ?

 

JC : Franchement, je n'avais aucune idée sur ce qu'il était possible de faire. C'est M. Jean-Michel Michenaud, mon 1eradjoint, qui s'est plus particulièrement chargé de ce dossier. Avait-il une idée, ou plutôt, des attentes précises, je ne sais pas ; en tout cas, je n'en avais pas personnellement.

 

Jean-Michel Michenaud : À vrai dire, c'est un dossier qui s'est façonné tout au long du dialogue que nous avons eu avec les entreprises. Cela étant dit, un dossier s'est démarqué lors de l'appel d'offres et nous avons tout fait pour que la réalisation finale s'en approche le plus possible. En effet, cette proposition comportait une maquette qui a fait l'unanimité, notamment auprès des riverains. Bien sûr, il y a eu des modifications et des évolutions... conséquences des négociations avec le voisinage, de la nécessité de prendre en compte des contraintes liées au sous-sol qui étaient jusque-là méconnues, ou encore l'affinement des propositions des différents prestataires, que ce soit au niveau de l'environnement paysagé ou du mobilier funéraire (matériaux, formes, dimensions, etc.).

 

Prenons par exemple les cavurnes ! Au départ, elles devaient être en sol, mais du fait de l'inondabilité des sous-sols, un modèle spécifique hors-sol a été créé par le prestataire avant d'être présenté puis intégré dans la proposition... Voila un exemple concret du genre d'ajustements qui ont pu, et qui, pour certains, ont dû être faits. Cela étant, pour revenir à votre question initiale, la seule attente qui revêtait une importance capitale à mes yeux, résidait dans l'unité du site. Il était impensable qu'il n'y ait pas une uniformité dans le traitement du paysager par rapport au mobilier. Pour reprendre une expression très usitée ces derniers temps, nous ne souhaitions pas que l'un des aspects de cet espace cinéraire soit une variable d'ajustement. Tous les postes ont été traités avec la même exigence et le même souci du détail et de l'harmonie, individuellement d’abord, puis les uns par rapport aux autres. C'est ainsi que nous avons fait attention à ne pas nous disperser... deux couleurs, le blanc et le vert, quelques variétés d'arbres, rien de plus... et au final, nous avons un site sobre et harmonieux où le minéral se fond avec beaucoup de délicatesse dans le végétal. Il en ressort une forte impression de quiétude, empreinte d'apaisement et de sérénité.

 

R : La commune disposait initialement de simples columbariums alors que le nouveau site, lui, propose toutes les solutions existantes à ce jour, à savoir, cavurnes, columbariums et zone de dis- persion. Était-ce une attente des administrés ou un choix de votre part afin de pouvoir répondre à toutes les demandes de ces derniers ?

 

JMM : Tout d'abord, il faut savoir que nos columbariums existants arrivaient à un taux de remplissage de 100 % et qu'il nous fallait trouver rapidement des solutions. L'urne du dernier défunt à avoir fait le choix de la crémation et dont la famille avait présenté une demande de concession cinéraire attendait depuis 5 ou 6 mois, il y avait donc vraiment urgence. Ensuite, pour ce qui est du choix d'avoir des éléments offrant divers types de solutions, ne disposant pas de statistiques, nous nous sommes fait la réflexion qu'il serait intéressant de pouvoir proposer toute la palette de pres- tations possibles. De plus, là encore, le dialogue avec des personnes compétentes ainsi qu’avec divers prestataires nous a été précieux afin d'éviter nombre d'erreurs qui auraient pu, in fine, limiter les familles dans leurs choix

 

JC : Il est vrai que les différents prestataires nous ont conseillés, guidés et accompagnés, notamment dans les réflexions que nous avons eu à mener sur les coûts et durées à proposer aux familles pour les divers types de concessions. Ainsi, ayant eu pour conseil de parvenir à une uniformité de prix, et ce, quel que soit le type de produit, de manière à éviter toute ségrégation sociale, nous avons appliqué cette politique tarifaire et les administrés en sont pleinement satisfaits. Sur ce point, je tiens vivement à remercier l'entreprise Granimond, qui a vraiment été de bon conseil.

 

R : Messieurs, à propos de l'esthétique du site, dans le cadre de l'appel d'offres, lors de l'ouverture des dossiers, vous attendiez-vous à autant de créativité de la part des entreprises du secteur funéraire ?

 

JMM : Nous étions dans l'inconnu... alors oui, certaines entreprises et plus particulièrement celles que nous avons retenues, ayant non seulement tenu compte de nos diverses contraintes et autres problématiques, mais nous ayant également présenté force propositions sur l'aspect esthétique du projet nous ont vraiment et agréablement surpris. D'autres au contraire, s'arrêtant sur nos seuls besoins mobiliers ou pensant que nous n'allions pas aller plus loin que la ligne financière nous ont au contraire quelque peu déçus.

Peu avaient abordé les aspects environnementaux ou l'intégration du site dans l'espace, et pourtant, quelle mise en valeur pour les produits proposés !

 

JC : Effectivement, c'est une aide véri- table à la prise de décision. Le cadre étant posé, le projet prend littéralement vie sous vos yeux... et que dire de plus si la créativité est au rendez-vous !

C'est comme si les divers éléments trou- vaient leur place naturellement. Il faut reconnaître également que cela nous allège le travail, nous n'avons plus à réfléchir sur l'intégration du site puisque celle-ci est pour ainsi dire déjà planifiée. Quel gain de temps !

 

R : D'un point de vue gestion de plan- ning, le projet devait initialement se réa- liser en trois phases. Au final, il aura suffi d'une seule, plus importante. Pourquoi avoir revu ce planning à la baisse ?

 

JC : De nombreuses raisons corrobo- raient notre choix de procéder à cette réduction de planning. Certes nous avons dû revoir certaines lignes budgé- taires, mais il nous est apparu comme une évidence que la finalisation de ce projet devait être prioritaire par rapport à d'autres dossiers de moindre importance. Une réalisation sur trois ans signi- fiait pour nous laisser un chantier ouvert juste à côté des parties terminées durant les phases 1 et 2 – sous-entendant que des familles venues se recueillir allaient côtoyer des engins de TP –, risquer de détériorer les monuments déjà en place, risquer des divergences de teintes ou de matériaux,... Tous ces facteurs nous ont fait prendre conscience de la nécessité d'écourter au mieux de nos possibilités les phases de travaux. Peut-être certaines routes garderont-elles leurs nids- de-poule quelques mois de plus, mais nous devions aux familles de terminer ce site cinéraire dans son intégralité afin de leur permettre de s'y recueillir en toute quiétude... La sérénité de nos administrés n'a, elle, pas de prix

 

 

JMM : La réalisation en trois tranches tenait surtout au fait que nous avions joué la prudence budgétaire, mais en fin de compte, les fonds que nous avons eu à allouer à ce projet pour le terminer ne nous pénaliseront pas vraiment. En tout cas, ce n'est pas comparable à la satisfaction des administrés et surtout des riverains de voir ce chantier terminé, laissant place à un espace paysagé empli de calme et de sérénité.

 

R : Monsieur Créno, en conclusion, y a- t-il un sujet que vous souhaitiez aborder ?

 

JC : Oui, je tiens à mettre en exergue l'aspect fédérateur d'un tel projet au niveau d'une commune, et pour cause. Dans le groupe de travail en charge des travaux publics, M. Christian Mazé, conseiller municipal de l'opposition, s'est particulièrement investi. Il était peu enthousiaste lorsque nous l'avons invité à prendre part à la réalisation de ce site cinéraire, mais la dimension humaine que revêtait ce dossier est venue à bout des nombreux préjugés et des mésen- tentes qui pouvaient nous diviser.

Au final, nous avons tous œuvré cœurs et âmes, faisant fi de nos divergences politiques, pour offrir à nos administrés un cite cinéraire qui, nous en sommes sûrs, devrait être à la hauteur de leurs attentes.

Pour conclure, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux, élus, personnels communaux, riverains, prestataires, etc., qui ont contribué à la réalisation du site cinéraire du Mesnil-Saint-Denis...

 

 

Merci à vous tous !

 

 

Propos recueillis par

 

Steve La Richarderie

 

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