Depuis quelque temps, on repère dans les librairies de France et de Navarre, les livres issus de la nouvelle maison d’édition à la charte graphique marquée dans l’ère du temps. French Pulp Éditions est née en novembre 2016 sous la houlette de Nathalie Carpentier.

 

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Nathalie Carpentier.

Des maisons d’éditions, il en fleurit beaucoup, qui parfois fanent un peu trop vite…
J’ai repéré French Pulp Éditions lors de la sortie de deux ouvrages : "Bronx la petite morgue", écrit par un ami, Laurent Guillaume. Un véritable hommage au roman noir américain des années cinquante. Un véritable coup de maître de Laurent qui nous offre la grandeur et la décadence d’un boxeur qui ne fait que ruminer sa vengeance dans une "Grosse Pomme" bien pourrie… Et "De sinistre mémoire", de l’ami Jacques Saussey, qui nous entraîne découvrir un lourd secret datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

C’est en regardant de plus près ce qu’éditait comme romans French Pulp Éditions que j’ai vu des trésors : "La Compagnie des glaces", de G.-J. Arnaud, la plus grande saga de science-fiction au monde, 96 opus… "Le Doulos", de Pierre Lesou, qui a donné le chef-d’œuvre de Melville… "Drôle de pistolet", de Francis Rick, le "Silencieux" avec Lino Ventura à l’écran… "Frankenstein", de Jean-Claude Carrière, je ne vais pas vous lister ici tous les auteurs, mais on retrouve toutes les grandes signatures de l’âge d’or de la littérature populaire, dite "de gare", les grands auteurs francophones (Fleuve noir, Série noire, La Chouette).

Il faut pourtant que je vous parle de deux livres encore. Le roman du jeune auteur Jérémy Bouquin : "Une femme de ménage" ; celui-ci, je ne peux pas l’éviter vu que l’héroïne de Jérémy exerce le doux métier de thanatopracteur… Pourquoi faire un roman de Sandra, cette charmante thanato ? Eh bien tout simplement parce que Sandra exerce ses talents sur des scènes de crimes… avant l’arrivée de la police, évidemment, sinon, à quoi bon…
Un roman bien noir écrit au scalpel et à l’eau de Javel, un petit bijou qui vous laissera pourtant avec les mains poisseuses et la peur au ventre…

Et l’autre est quant à lui une réédition d’un roman "maître" de ce que l’on nomme l’angoisse : "Parodie à la mort", de Peter Randa. Qu’est-ce qui est pire que la mort ? Assister, impuissant, à sa mise en bière. Tel est le destin qui attend Charles Daivremont s’il ne trouve pas ce qui lui arrive. Chaque jour, ses membres se font plus lourds, chaque jour, il se sent devenir prisonnier de son corps. Que se passera-t-il le jour où il ne donnera plus signe de vie ? Sa femme se fera un plaisir de l’enterrer vivant… avec l’aide du médecin chargé de le soigner. Charles va assister impuissant à sa propre toilette, sa propre veillée funéraire…

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Un catalogue déjà très riche et varié, plus de 40 ouvrages imprimés, et plus de 200 titres disponibles en numérique, et un fonds littéraire de 2 500 titres… une maison d’édition à suivre et qui n’a pas fini de faire parler d’elle…

Rencontre avec Nathalie Carpentier, éditrice

Sébastien Mousse : Bonjour Nathalie, quand je regarde le catalogue de French Pulp Éditions, un catalogue très fourni, je ne vois que de la littérature française, le seul roman noir américain est écrit par un auteur bien français, Laurent Guillaume. Tu sembles défendre la littérature française, alors pourquoi ce nom anglo-saxon ?

Nathalie Carpentier : Un nom anglais pour une maison qui défend la langue française, est-ce bien raisonnable, c’est cela ta question ? La meilleure défense, n’est-elle pas l’attaque ? Pour défendre notre langue et diffuser nos auteurs à l’étranger, ce nom en forme de clin d’œil annonce la couleur : tremblez, thrillers, best-sellers et autres feel-good books ! Chez French Pulp, tous nos auteurs ont vocation à être traduits et diffusés dans le monde entier afin de faire rayonner notre culture populaire et notre belle langue.

SM : Une maison d’édition toute jeune, qui aura un an en novembre, beaucoup de parutions comme je l’ai dit plus haut, mais surtout une présence impressionnante d’auteurs de grands talents, dont ceux que l’on nomme "les forçats de l’Underwood". Comment une si jeune éditrice peut avoir ces signatures dès le début ?

NC : Parce que tous ces auteurs sont des amis. Mon regretté époux, Jean-Marie Carpentier, fut le secrétaire général de Fleuve noir dès 1962. À une époque où il y avait une véritable relation amicale, voire familiale, avec les auteurs, ce que je tiens à conserver au sein de French Pulp Éditions. Alors quand, par exemple, je suis allée voir G.-J. Arnaud, il a aussitôt accepté que nous reprenions son œuvre. Tous ces auteurs sont des amis, je les connais, eux, ou leurs ayants droit m’ont accordé leur confiance, me cédant ainsi les droits.

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SM : Laurent Guillaume, Patrick de Friberg, Jacques Saussey, Philippe Collas, Jean-Claude Carrière, Jérôme Leroy, Michel Quint, Sergueï Dounovetz, je ne vais pas tous les citer, mais French Pulp Éditions dispose de grandes plumes contemporaines, et donne aussi une chance à des auteurs sur "la montante" tel Jérémy Bouquin, mais aussi des auteurs qui n’ont jamais publié de livre, tel Christian Cornu pour "Le Maître des émotions", et Guillaume Ramezi pour "Derniers jours à Alep", deux romans à paraître en janvier. C’est une prise de risque d’un côté, mais qu’est-ce qui pousse un éditeur à oser publier un premier roman ?

NC : Mais, sans premier roman, pas de futurs grands auteurs, une maison d’édition se doit de prendre des risques, de faire des découvertes. C’est une grande part du travail de l’éditeur que de chercher les futurs romanciers qui auront le succès auprès du public. Les Frédéric Dard, Léo Malet, Peter Randa, G. Morris-Dumoulin, Louis-Ferdinand Céline, Georges Simenon, tous les grands auteurs, ces génies de la littérature, ont eu à un moment un premier roman ; si, à ce moment-là, aucun éditeur n’avait eu le flair, le courage, d’éditer…

SM : On a pu voir sur les réseaux sociaux, via les pages de la maison d’édition, que les six aventures de Frankenstein écrites par Jean-Claude Carrière, sous le pseudonyme de Benoît Becker, allaient être adaptées à la télévision. C’est une fierté pour l’éditeur de réussir ce genre de négociations : céder les droits audiovisuels ?

NC : Oui, c’est une fierté, mais aussi une nécessité. Le travail d’un éditeur, c’est bien sûr d’exploiter l’œuvre en langue française, mais aussi à l’étranger, de faire découvrir l’œuvre au cinéma, à la télévision. En fait, pour moi, le travail d’un éditeur est aussi celui d’un agent, tout simplement. Avec CAL (Création littéraire et Audiovisuelle), nous avons déjà cédé les droits de moult œuvres en vue d’adaptation cinématographique et télévisuelle, comme "Autobiographie d’une courgette" d’après Gilles Paris, "L’Été en pente douce" d’après Pierre Pelot, "Sam et Sally" d’après M.-G. Braun, "Nestor Burma" d’après Léo Malet, et tant d’autres…

SM : Justement, puisque tu en parles, début 2018, en janvier, sortiront les nouvelles aventures de "Nestor Burma" d’après l’œuvre de Léo Malet, tu peux nous en dire plus sur ce reboot ?

NC : Jacques Malet m’a demandé depuis plusieurs années de gérer avec lui les droits de l’œuvre de son père. Et c’est ainsi que nous est venue l’idée de faire revivre le personnage de "Nestor Burma" dont il est détenteur de l’exploitation du nom. Nous avons donc décidé de faire écrire de nouvelles aventures du héros créé par son père, "Nestor Burma", et surtout de nouvelles aventures, dans le Paris d’aujourd’hui. Car Burma est un des seuls personnages qui peut s’adapter sans aucun souci à 2018, et bien au-delà, car il était déjà extrêmement moderne en 1942, année de sa création. C’est Sergueï Dounovetz qui a écrit le premier épisode : "Les Loups de Belleville", et c’est Jérôme Leroy qui dirige la collection.

SM : Un bon éditeur ne lit pas que les manuscrits soumis à sa maison d’édition. Quel est ton coup de cœur du moment ?

NC : Eh bien, un livre paru en 1999… "Les Cahiers de la mémoire" de Mouloud Akkouche qu’un ami m’a conseillé de lire. Une très belle plume, très humaine, une façon de conter la vie d’un marginal magnifique, j’aime beaucoup la façon dont Akkouche dépeint tous les personnages, du type bien jusqu’au pire des salopards...

SM : Nathalie, je te remercie du temps accordé pour les lecteurs de Résonance, la revue du funéraire.

Sébastien Mousse
Auteur
Assitant éditorial
French Pulp Éditions
Policier-Thriller- Espionnage
Angoisse

Résonance n°134 - Octobre 2017

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