Thierry Ceotto, gérant de FUNÉRIS a été contacté par Philippe Reltien, journaliste de France Inter, qui lui a demandé s’il acceptait de répondre à ses questions concernant l’évolution du secteur funéraire et notamment des contrats obsèques. Il nous commente son entretien.

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Thierry Ceotto, gérant de FUNÉRIS.

J’ai bien naturellement accepté me sentant évidemment très concerné - et inquiet - par cet accroissement d’ententes de toutes sortes entre les bancassureurs, les mutuelles et certains réseaux funéraires.

Quelle est votre position sur ces accords ?

Je me suis toujours interdit de signer au nom de FUNERIS des accords à l’exception du tiers payant. Dans ce cas précis, nous ne détournons pas la clientèle, nous évitons simplement aux familles d’avancer l’argent pour le règlement de la facture d’obsèques.

Quels thèmes ont été abordés ?

Tous les sujets du funéraire : les nouveautés notamment, les articles funéraires, la nouvelle gamme de cercueils et leurs habillages, la marbrerie, les granitiers français et étrangers, les véhicules funéraires du corbillard classique à la limousine, nos métiers et les formations liées, les réseaux funéraires et financiers.

Qu’en est-il de ce dernier sujet qui semble vous tenir particulièrement à cœur ?

C’est effectivement ce dernier thème qui a le plus retenu mon attention. En effet, nos petites et moyennes entreprises sont en danger et cela depuis plus de vingt ans. J’ai toujours mis en alerte le monde funéraire sur celui-ci avec plus ou moins de retour.

Mais quel est-il ?

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont sollicitées par les bancassureurs pour qu’elles déplacent une partie de l’argent de leurs comptes "épargne" ou autres vers un placement "sûr" dit de "prévoyance funéraire". Cet argent est effectivement bien placé pour ces derniers puisqu’ils sont quasi certains de le garder jusqu’au décès du souscripteur.

Mais c’est leur métier de placer de l’argent ?

Oui effectivement. Je ne reproche pas aux bancassureurs ou aux mutuelles de placer l’argent de leurs clients. Ce n’est d’ailleurs pas mes propos ni mon problème. Mon problème est qu’ils organisent les obsèques, sous couvert d’un prétendu accord avec des réseaux funéraires. Et, pour certains, ils n’hésitent pas à écrire "que c’est pour limiter les dérives dans les prestations et maîtriser les prix des obsèques qui ont flambé au cours des dernières années" qu’ils organisent et choisissent leurs opérateurs funéraires. La vraie question est de se demander aujourd’hui pourquoi les prix augmentent, et où sont les responsabilités…

Cela peut-il être considéré comme illégal ?

Oui car la loi est claire et précise : "toute personne qui a connaissance d’un décès au cours de son activité professionnelle n’a pas le droit de diriger directement ou indirectement les familles en deuil vers un établissement funéraire". Pourtant cela arrive tous les jours.

Quelle est votre action devant cela ?

Nous avons alerté les pouvoirs publics sur ce détournement de clientèle. Ceux-ci nous conseillent de porter plainte. C’est ce que nous allons faire afin que l’esprit de liberté de choix de son opérateur funéraire voulu par le législateur (Jean-Pierre Sueur) en 1993 soit respecté. Les entreprises funéraires habilitées qui sont sûres de leurs prestations n’ont pas besoin de se faire envoyer des familles en deuil par tels ou tels organismes financiers. Celles-ci viennent volontairement par le bouche à oreille, sans contrainte. C’est ainsi que l’on instaure une relation de confiance durable par le sérieux, le professionnalisme, la gentillesse, la délicatesse, l’efficacité discrète d’une entreprise respectable.

Cela ne se limite donc pas aux adhérents FUNERIS ?

Nous invitons tous ceux qui partagent notre esprit et qui ont compris le danger à nous envoyer leurs remarques par E-mail à l'adresse dédiée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
La bataille sera rude mais nous allons gagner parce que cela est juste. Nous allons créer également un comité d’éthique funéraire pour que notre profession soit respectée et respectable. Cela va bien naturellement au-delà de FUNERIS. Toute la profession et la société civile sont concernées. Tous ces points seront bien sûr débattus pour validation à notre prochaine assemblée.
Et je pense que cela concerne tous ceux qui veulent maintenir leur indépendance et défendre le droit des familles en deuil. Ce mouvement ira sans doute bien au-delà de notre profession.

À ceux qui sont concernés, que leur dites-vous ?

De nous aider en envoyant leurs exemples de détournement de clientèle. Ils peuvent également nous aider au financement de cette procédure qui sera longue et coûteuse. Les comptes seront clairs, précis et l’action s’arrêtera à la victoire finale de notre combat.

Quels seraient vos mots de la fin ?

En priorité, la profession doit respecter les familles en deuil. C’est le plus important. Cela semble tellement naturel et normal qu’il est triste et navrant de devoir le préciser… Et, dans un deuxième temps, une fois que la confiance sera rétablie avec les familles en deuil, nous travaillerons à redonner ses lettres de noblesse à notre profession.

Thierry Ceotto

Résonance n°140 - Mai 2018

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