A l’heure actuelle, les rituels funéraires sont très variés. En France, on pratique essentiellement l’inhumation. En Inde, le bûcher funéraire est de règle. A Madagascar, des cérémonies spéciales comme le "retournement des morts" ont lieu, etc…
1- Extrait de l’intervention de Françoise Le Mort, CNRS, UMR 5133 "Archéorient : Environnements et sociétés de l’Orient ancien", Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon.

Les travaux des archéologues et des anthropologues biologistes, ont montré que cette diversité dans le traitement des défunts, et dans les rituels liés à la mort, était perceptible dès les temps préhistoriques. A partir des données recueillies pendant les fouilles, archéologues et anthropologues biologistes, s’efforcent, en effet, de reconstituer les gestes funéraires des populations du passé. Les chercheurs sont néanmoins conscients, du fait qu’une grande partie des rituels leur restera inaccessible, faute d’indices matériels. Pour les sociétés sans écriture, par exemple, les seuls documents dont nous disposons, pour tenter de reconstituer les gestes funéraires, sont les sépultures et les restes des défunts retrouvés, la plupart du temps, sous la forme d’ossements.

En archéologie, on appelle sépulture "un lieu où sont déposés les restes d’un ou plusieurs défunts, et où il subsiste suffisamment d’indices, pour que l’archéologue puisse déceler dans ce dépôt, la volonté d’accomplir un geste funéraire". Plus on remonte dans le temps, plus l’identification des sépultures est difficile.

On sait néanmoins avec certitude, que les hommes enterrent leurs morts, depuis au moins 100 000 ans. Les plus anciennes sépultures connues proviennent du Proche-Orient. Elles ont été découvertes sur les sites de Skhul et Qafzeh en Israël.

En France, les sépultures apparaissent plus tardivement. On en connaît, autour de -50 000 ans sur plusieurs sites occupés par l’homme de Néanderthal, à La Chapelle aux Saints  en Corrèze ou à La Ferrassie en Dordogne, par exemple.
Toutes ces sépultures se rapportent à la période du paléolithique moyen (- 275 000 à -30 000 ans environ). Ce sont des sépultures primaires (on parle de sépulture primaire, lorsque le corps du défunt a été placé dans son lieu de dépôt définitif, peu de temps après la mort), en pleine terre, majoritairement individuelles. Dans certains cas, des restes d’animaux (offrandes ?) peuvent accompagner le défunt. Compte tenu du petit nombre de sépultures connues, il semble qu’à cette époque les défunts n’aient pas tous été enterrés.

A partir du paléolithique supérieur (-30 000 à -12 000 ans), les pratiques funéraires commencent à se diversifier. Durant cette période, les sépultures situées dans des grottes, dans des abris-sous-roche ou en plein air, sont primaires ou secondaires (on parle de sépulture secondaire lorsque les restes humains sont placés dans leur lieu de dépôt définitif, après une série de gestes funéraires, qui se sont déroulés dans un autre lieu). La plupart du temps individuelles, elles peuvent, dans certains cas, associer plusieurs sujets. Elles peuvent contenir, à côté des vestiges humains, différents objets (parures, outils, restes d’animaux, etc.) tenant vraisemblablement lieu d’offrandes funéraires.

Autour de -12000 ans, débute en Europe la période mésolithique durant laquelle le mode de vie des hommes diffère peu, de celui de leurs prédécesseurs du paléolithique supérieur,  mais qui voit des changements environnementaux importants, liés au réchauffement du climat, qui fait suite aux temps glaciaires. C’est durant cette période qu’apparaissent, en Europe, les premiers regroupements de sépultures appelés "nécropoles". On qualifie de nécropole l’"établissement dans un lieu plus ou moins nettement délimité de plusieurs tombes individuelles, ou collectives, entretenant entre elles des rapports chronologiques étroits". L’une de ces nécropoles, datée du IXe millénaire avant J.-C., a été découverte, il y a une dizaine d’années, en Charente-Maritime, sur la commune de La Vergne.

A la même époque, au Proche-Orient, les hommes se sédentarisent, tout en conservant un mode de vie basé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Mais, dans cette région, si les sépultures sont parfois regroupées, il est difficile de parler de nécropoles, dans la mesure où il n’y a pas de véritable séparation entre les lieux de repos des morts, et ceux occupés par les vivants ; l’espace habité intègre les défunts.

Vient ensuite la période néolithique, qui voit des transformations fondamentales dans le mode de vie des populations préhistoriques, qui passent de l’état de chasseurs-cueilleurs, à celui d’agriculteurs-éleveurs. Ces changements s’accompagnent d’innovations dans le domaine des pratiques funéraires.

Au Proche-Orient, le passage à l’économie de production s’effectue très tôt, dès le IXe millénaire avant notre ère, au cours d’une période appelée néolithique pré-céramique B (IXe - VIIe millénaires avant notre ère). Durant cette période, la diversification des pratiques funéraires est partout perceptible, et les différences entre sites sont nombreuses. Sur certains, on observe une homogénéité du traitement des défunts. C’est par exemple le cas à Khirokitia (Chypre) où tous les morts, quel que soit leur âge, sont enterrés sous le sol des maisons, qui demeurent occupées. A Çayönü en Turquie, en revanche, un bâtiment à usage funéraire, le Skull Building, contenant les restes de plusieurs centaines d’individus, a été découvert, mais il existe également des sépultures sous les maisons, ou à proximité de celles-ci. L’analyse des nombreuses sépultures découvertes dans cette région confirme la diversité des pratiques.

En Europe occidentale, ce sont les mégalithes, qui apparaissent au Ve millénaire avant notre ère, qui représentent l’innovation la plus spectaculaire, dans le domaine des pratiques funéraires, pour la période néolithique. Ces sépultures monumentales, regroupant un nombre plus ou moins important de défunts, et dont les plus connues sont les dolmens, ont fait couler beaucoup d’encre, et soulèvent encore aujourd’hui de nombreuses questions. Si le regroupement des morts paraît avoir été la règle pendant une partie du néolithique d’Europe occidentale, à la fin de cette période, au IIIe millénaire avant notre ère, on observe, en revanche, une diversité dans les formes sépulcrales et le retour des sépultures individuelles.

Les découvertes archéologiques effectuées dans différentes parties du monde, montrent donc que, dès les temps reculés de la préhistoire, les hommes ont entretenu avec la mort, une relation essentielle et complexe, se manifestant par des pratiques funéraires variées, comme à l’heure actuelle.
 
Pour en savoir plus :

CRUBEZY E., LORANS E., MASSET C., PERRIN F., TRANOY L. (2000), L’Archéologie funéraire. Paris : Editions Errance, collection "Archéologiques".

GUILAINE J. (1998), Sépultures d’Occident et genèses des mégalithismes (9000-3500 avant notre ère), Séminaire du Collège de France. Paris : Editions Errance, collection des Hespérides.

GUILAINE J. (1999), Mégalithismes, de l’Atlantique à l’Ethiopie, Séminaire du Collège de France. Paris : Editions Errance, collection des Hespérides.

Maureille B. (2004), Les premières sépultures. Paris : Editions Le Pommier / Cité des Sciences et de l’Industrie.

MOHEN J.-P. (1995), Les rites de l’au-delà. Paris : Editions Odile Jacob.

La mort n’en saura rien, Reliques d’Europe et d’Océanie (1999). Catalogue d’exposition (Musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, Paris, 12 octobre 1999 – 24 janvier 2000). Paris : Réunion des Musées Nationaux.
 

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations