Une référence
Né le 30 janvier 1937 à Luçon (Vendée) Jean-Claude Jaunait est un visionnaire qui a régné sur Système U de 1971 à 2005 pour faire de la coopérative de petits commerçants Unico, devenue Système U, une valeur solide de la grande distribution, aujourd’hui numéro trois du secteur en France. Il a été le président de l'Union fédérale des coopératives de commerçants (UFCC) jusqu'en 2004, devenue Fédération du commerce Associé (FCA), président du Syndicat National des Supermarchés et Hypermarchés et a siégé à ce titre au conseil d'administration de la Fédération des Entreprises du Commerce de la Distribution (FCD), a été président du MEDEF Loire-Atlantique de 1996 à 2001 et président du MEDEF Pays de la Loire de 2001 à 2004 et membre du comité exécutif du MEDEF sur le plan National.
Aujourd’hui en retraite, il intervient, de façon ponctuelle, auprès de jeunes entrepreneurs afin de leur faire profiter de son expérience et ainsi leur transmettre un certain nombre des valeurs qui ont fait sa réussite.
Une rencontre
À l'époque où nous nous sommes rencontrés, M. Philippe Martineau était d'une part président-directeur général du réseau Le Choix Funéraire, et d'autre part l'un des principaux actionnaires de l’UDIFE (Union Diffusion Information Funéraire Européenne), qui était propriétaire de l'enseigne "Le Choix Funéraire" alors que toutes les personnes possédant l'enseigne ne l'étaient pas forcément. Dès lors, entouré de différentes personnes qui le conseillaient de façon distincte, mais pas pour autant convergente, il s'interrogeait sur son positionnement et sur le devenir de son groupe. C'est dans ce contexte qu'il a pris contact avec moi, pensant que, du fait de mon expérience au sein de Système U, je pouvais l'aiguiller dans ses réflexions.
Une analyse
M. Martineau m’a tout d’abord sollicité pour assister à des rencontres avec les administrateurs puis à un certain nombre d’assemblées générales. Dans un premier temps, chose qui n'a pas été une surprise pour moi, j'ai constaté qu'il était question de commerçants détaillants indépendants, voire, dans certains cas, d'artisans pour les marbriers et autres tailleurs de pierre. Ensuite, je me suis très vite rendu compte que ce secteur professionnel était en pleine évolution du fait, d'une part, de l'émergence des contrats de prévoyance obsèques et par conséquent, de l'arrivée des acteurs financiers dans le funéraire, et d'autre part, de la montée en puissance de la crémation.
Ces facteurs sous-tendent une modification fondamentale de la relation à la clientèle de par les multiples nouvelles prestations de services qu'ils incombent. Partant de là, il devenait primordial pour le réseau Le Choix Funéraire d'établir des relations directes et solides avec les grands comptes de type banques-assurances, de même qu’il fallait pouvoir disposer rapidement d'outils de crémation.
Sur ces différents points, un commerçant détaillant au niveau local ne dispose ni des outils ni du poids pour se débrouiller seul, et surtout, il n’a pas une vision générale et nationale voire internationale du marché et de ses mutations.
Il faut nécessairement une personne disposant de qualités de management, d'un tissu relationnel important, d'une véritable ouverture d'esprit et surtout d'une équipe sur laquelle il peut s’appuyer.
Des clés
Un réseau comme Le Choix Funéraire doit être capable aujourd'hui d'affronter quatre éléments :
- Le premier, qui est relativement basique, consiste à aider les membres du réseau à acheter et approvisionner les produits nécessaires à l'activité professionnelle. Or sur ce point nous sommes presque dans l'archaïsme. Je pourrais d'ailleurs faire un parallèle avec mon expérience personnelle du temps d’Unico. J'ai, à l'époque, dû faire comprendre à mes adhérents associés la nécessité du groupement d'achat qui est un véritable outil de maîtrise des approvisionnements, qui a des répercussions certaines sur l'offre au client final.
- Ensuite, le développement d'un groupe et d'une enseigne passe nécessairement par la transmission aux clients d'une image de qualité, de services et de valeurs qui ne peuvent trouver leurs essences que dans l'organisation et la mise en place d'un certain nombre d'outils, et sur la solidité de son réseau… Cela s'appelle une stratégie commerciale, sans laquelle un groupe ne peut évoluer. Elle représente tout un travail d’éducation, d’information et de motivation.
- Il faut également faire évoluer la structure juridique et financière en relation avec l'évolution du réseau et le travail sur les grands comptes.
- Enfin il y a l'aspect crémation qui, lui, demande des outils plus développés et moins épars. Il implique le regroupement de plusieurs opérateurs afin de pouvoir les financer et gérer des infrastructures de type crématorium.
Nous sommes alors bien dans le contexte suivant, à savoir que dans un même groupe se côtoient des individus qui continuent à œuvrer essentiellement au niveau local, et d'autres plus enclins à l'évolution et à l'ouverture du travail en groupe. Dès lors, toute la difficulté d'une personne comme Philippe Martineau, est d'arriver à fédérer l'ensemble du groupe et de son réseau, et ce, malgré les réticences de certains, qui sont plus généralement dues à la crainte du changement qu'à une réelle divergence d'opinion. Le rôle de la tête de réseau est alors de faire franchir le “Rubicon“ de la pensée avant de passer à l'action.
Un choix
L’une des qualités innées de M. Martineau est d'arriver à motiver les gens qui l'entourent, et surtout, de faire naître en eux les ambitions nécessaires à leur réussite.
Et pourtant, certains ont souhaité le déstabiliser en pointant du doigt l'ambiguïté de sa position en tant que principal actionnaire et président-directeur général du réseau.
Un clivage s’est alors formé et il a dû choisir entre :
- ceux qui l’incitaient à suivre la voie d'une structuration de type franchise dans laquelle son rôle serait celui d'un véritable dirigeant et où il devrait imposer une politique à des détaillants qui ne le souhaitaient pas forcément ;
- et d'autres, dont je fais partie, qui l'encourageaient sur la voie du groupement de type commerce associé, sous réserve de faire le nécessaire quant à son positionnement, où il devrait s’entourer d’une équipe fiable et où son rôle serait de fédérer, de manager et d’accompagner tous les membres de son groupement.
La suite, vous la connaissez. Il faut saluer le travail réalisé par les fondateurs et le Conseil de Surveillance, présidé par M. Lebodec puis M. Duluard. Le pouvoir est ensuite transmis, en 2007, à Conseil d’Administration d'élus, présidé par Pierre Buil, avec 3 vice-présidents, Laurence Leylavergne, Serge Boudrier et Thierry Morice, entourés 7 administrateurs. Le travail est collectif, c’est le principe même du commerce associé. Aujourd’hui, Philippe Martineau est un dirigeant univoque, mandaté par son groupement où tous s’investissent pleinement pour le développement de ce dernier.
Et sur ce point, si je m’en réfère à mon expérience en termes de groupements de détaillants, j'estime qu'un groupement tel que le Choix Funéraire en est aujourd'hui à environ 25 % de sa capacité de développement, c'est vous dire s'il reste encore des choses à faire…
Une belle réussite
Aujourd'hui, le réseau Le Choix Funéraire est un groupement exemplaire disposant d'un leader motivé et d’un Conseil d’Administration très impliqué, qui peuvent s'appuyer sur une équipe compétente et sur un groupement solide. Ce dernier dispose à présent d’outils adéquats tels qu’un centre de formation et d'accompagnement des jeunes entrepreneurs désireux de s'y investir, autant d'éléments qui contribuent jour après jour à son développement, mais il ne faut pas se tromper, les valeurs propres au commerce associé, qui font la vraie force de ce réseau, sont avant tout la mise en commun de l'expérience de chacun pour le bien de tous. Car c'est en agissant ensemble que l'on est le plus fort, et, la clé de voûte qui soutient tout l'édifice est la considération et le respect du client final.
C’est cette considération qui motive l'ensemble des actions du commerçant…
Né le 30 janvier 1937 à Luçon (Vendée) Jean-Claude Jaunait est un visionnaire qui a régné sur Système U de 1971 à 2005 pour faire de la coopérative de petits commerçants Unico, devenue Système U, une valeur solide de la grande distribution, aujourd’hui numéro trois du secteur en France. Il a été le président de l'Union fédérale des coopératives de commerçants (UFCC) jusqu'en 2004, devenue Fédération du commerce Associé (FCA), président du Syndicat National des Supermarchés et Hypermarchés et a siégé à ce titre au conseil d'administration de la Fédération des Entreprises du Commerce de la Distribution (FCD), a été président du MEDEF Loire-Atlantique de 1996 à 2001 et président du MEDEF Pays de la Loire de 2001 à 2004 et membre du comité exécutif du MEDEF sur le plan National.
Aujourd’hui en retraite, il intervient, de façon ponctuelle, auprès de jeunes entrepreneurs afin de leur faire profiter de son expérience et ainsi leur transmettre un certain nombre des valeurs qui ont fait sa réussite.
Une rencontre
À l'époque où nous nous sommes rencontrés, M. Philippe Martineau était d'une part président-directeur général du réseau Le Choix Funéraire, et d'autre part l'un des principaux actionnaires de l’UDIFE (Union Diffusion Information Funéraire Européenne), qui était propriétaire de l'enseigne "Le Choix Funéraire" alors que toutes les personnes possédant l'enseigne ne l'étaient pas forcément. Dès lors, entouré de différentes personnes qui le conseillaient de façon distincte, mais pas pour autant convergente, il s'interrogeait sur son positionnement et sur le devenir de son groupe. C'est dans ce contexte qu'il a pris contact avec moi, pensant que, du fait de mon expérience au sein de Système U, je pouvais l'aiguiller dans ses réflexions.
Une analyse
M. Martineau m’a tout d’abord sollicité pour assister à des rencontres avec les administrateurs puis à un certain nombre d’assemblées générales. Dans un premier temps, chose qui n'a pas été une surprise pour moi, j'ai constaté qu'il était question de commerçants détaillants indépendants, voire, dans certains cas, d'artisans pour les marbriers et autres tailleurs de pierre. Ensuite, je me suis très vite rendu compte que ce secteur professionnel était en pleine évolution du fait, d'une part, de l'émergence des contrats de prévoyance obsèques et par conséquent, de l'arrivée des acteurs financiers dans le funéraire, et d'autre part, de la montée en puissance de la crémation.
Ces facteurs sous-tendent une modification fondamentale de la relation à la clientèle de par les multiples nouvelles prestations de services qu'ils incombent. Partant de là, il devenait primordial pour le réseau Le Choix Funéraire d'établir des relations directes et solides avec les grands comptes de type banques-assurances, de même qu’il fallait pouvoir disposer rapidement d'outils de crémation.
Sur ces différents points, un commerçant détaillant au niveau local ne dispose ni des outils ni du poids pour se débrouiller seul, et surtout, il n’a pas une vision générale et nationale voire internationale du marché et de ses mutations.
Il faut nécessairement une personne disposant de qualités de management, d'un tissu relationnel important, d'une véritable ouverture d'esprit et surtout d'une équipe sur laquelle il peut s’appuyer.
Des clés
Un réseau comme Le Choix Funéraire doit être capable aujourd'hui d'affronter quatre éléments :
- Le premier, qui est relativement basique, consiste à aider les membres du réseau à acheter et approvisionner les produits nécessaires à l'activité professionnelle. Or sur ce point nous sommes presque dans l'archaïsme. Je pourrais d'ailleurs faire un parallèle avec mon expérience personnelle du temps d’Unico. J'ai, à l'époque, dû faire comprendre à mes adhérents associés la nécessité du groupement d'achat qui est un véritable outil de maîtrise des approvisionnements, qui a des répercussions certaines sur l'offre au client final.
- Ensuite, le développement d'un groupe et d'une enseigne passe nécessairement par la transmission aux clients d'une image de qualité, de services et de valeurs qui ne peuvent trouver leurs essences que dans l'organisation et la mise en place d'un certain nombre d'outils, et sur la solidité de son réseau… Cela s'appelle une stratégie commerciale, sans laquelle un groupe ne peut évoluer. Elle représente tout un travail d’éducation, d’information et de motivation.
- Il faut également faire évoluer la structure juridique et financière en relation avec l'évolution du réseau et le travail sur les grands comptes.
- Enfin il y a l'aspect crémation qui, lui, demande des outils plus développés et moins épars. Il implique le regroupement de plusieurs opérateurs afin de pouvoir les financer et gérer des infrastructures de type crématorium.
Nous sommes alors bien dans le contexte suivant, à savoir que dans un même groupe se côtoient des individus qui continuent à œuvrer essentiellement au niveau local, et d'autres plus enclins à l'évolution et à l'ouverture du travail en groupe. Dès lors, toute la difficulté d'une personne comme Philippe Martineau, est d'arriver à fédérer l'ensemble du groupe et de son réseau, et ce, malgré les réticences de certains, qui sont plus généralement dues à la crainte du changement qu'à une réelle divergence d'opinion. Le rôle de la tête de réseau est alors de faire franchir le “Rubicon“ de la pensée avant de passer à l'action.
Un choix
L’une des qualités innées de M. Martineau est d'arriver à motiver les gens qui l'entourent, et surtout, de faire naître en eux les ambitions nécessaires à leur réussite.
Et pourtant, certains ont souhaité le déstabiliser en pointant du doigt l'ambiguïté de sa position en tant que principal actionnaire et président-directeur général du réseau.
Un clivage s’est alors formé et il a dû choisir entre :
- ceux qui l’incitaient à suivre la voie d'une structuration de type franchise dans laquelle son rôle serait celui d'un véritable dirigeant et où il devrait imposer une politique à des détaillants qui ne le souhaitaient pas forcément ;
- et d'autres, dont je fais partie, qui l'encourageaient sur la voie du groupement de type commerce associé, sous réserve de faire le nécessaire quant à son positionnement, où il devrait s’entourer d’une équipe fiable et où son rôle serait de fédérer, de manager et d’accompagner tous les membres de son groupement.
La suite, vous la connaissez. Il faut saluer le travail réalisé par les fondateurs et le Conseil de Surveillance, présidé par M. Lebodec puis M. Duluard. Le pouvoir est ensuite transmis, en 2007, à Conseil d’Administration d'élus, présidé par Pierre Buil, avec 3 vice-présidents, Laurence Leylavergne, Serge Boudrier et Thierry Morice, entourés 7 administrateurs. Le travail est collectif, c’est le principe même du commerce associé. Aujourd’hui, Philippe Martineau est un dirigeant univoque, mandaté par son groupement où tous s’investissent pleinement pour le développement de ce dernier.
Et sur ce point, si je m’en réfère à mon expérience en termes de groupements de détaillants, j'estime qu'un groupement tel que le Choix Funéraire en est aujourd'hui à environ 25 % de sa capacité de développement, c'est vous dire s'il reste encore des choses à faire…
Une belle réussite
Aujourd'hui, le réseau Le Choix Funéraire est un groupement exemplaire disposant d'un leader motivé et d’un Conseil d’Administration très impliqué, qui peuvent s'appuyer sur une équipe compétente et sur un groupement solide. Ce dernier dispose à présent d’outils adéquats tels qu’un centre de formation et d'accompagnement des jeunes entrepreneurs désireux de s'y investir, autant d'éléments qui contribuent jour après jour à son développement, mais il ne faut pas se tromper, les valeurs propres au commerce associé, qui font la vraie force de ce réseau, sont avant tout la mise en commun de l'expérience de chacun pour le bien de tous. Car c'est en agissant ensemble que l'on est le plus fort, et, la clé de voûte qui soutient tout l'édifice est la considération et le respect du client final.
C’est cette considération qui motive l'ensemble des actions du commerçant…
Propos recueillis par
Steve La Richarderie
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