Voyages d’affaires, tourisme de masse, déplacements professionnels ou familiaux… le XXIe siècle a encore vu s’accéléré les mouvements de population. Aujourd’hui, des millions de personnes se déplacent régulièrement aux quatre coins de la planète, et cette nouvelle réalité a multiplié d’autant les risques de décès à l’étranger. Dans le même temps, cette mouvance a provoqué de vastes changements culturels et,
par la même, créé de nouvelles demandes en matière de thanatopraxie. Conséquences : le thanatopracteur peut être amené à faire face à des situations totalement inédites auxquelles seuls les professionnels les plus performants et les mieux préparés sont en mesure de répondre.
Enquête et témoignages

Le monde d'aujourd'hui est un monde de mouvements. Voyages d'affaires, déplacements touristiques ou familiaux… la planète entière voyage. Sur de courtes distances ou pour des destinations plus lointaines, les populations ne sont plus sédentaires, et ce phénomène touche toutes les générations. Les tout jeunes enfants qui sont généralement confiés au personnel de bord, les adolescents qui vont rendre visite à leurs correspondants étrangers, les adultes qui se déplacent pour le travail ou les loisirs, les personnes du 3ème âge qui multiplient les voyages d'agrément, les personnes les plus démunies qui cherchent des cieux plus cléments, ou encore les leaders d’opinion qui se déplacent pour conquérir de nouveaux marchés. Cette tendance existait depuis quelque temps, mais mondialisation et ouverture des frontières obligent, elle n’a de cesse de se renforcer ces dernières années.

Pour les métiers du funéraire, cette évolution du comportement et des mentalités a eu d’importantes conséquences. La plupart des entreprises du secteur funéraire sont aujourd’hui régulièrement sollicitées pour effectuer des transports de corps vers, ou en provenance, de multiples destinations, qu’elles soient locales, nationales ou internationales. Pour mesurer l'ampleur du phénomène, il suffit d'ailleurs de lire en détail les prestations proposées par les entreprises de pompes funèbres… La plupart d'entre elles font figurer le transport de corps parmi les prestations qu'elles sont capables d'offrir aux familles. Certes, le transport est parfois sous-traité par prestataire de services associé, mais le dirigeant de pompes funèbres a parfaitement compris que, même dans un petit village reculé, il n'était pas à l'abri d'une demande de transport de corps pour une destination lointaine.

Il est aussi de plus en plus fréquent, pour ne pas dire systématique, que les compagnies et les mutuelles d'assurances proposent à leurs souscripteurs des offres qui incluent le transport, voire le rapatriement, des corps décédés loin du domicile ou du lieu souhaité de l'inhumation ou de l'incinération.

Toutes les entreprises n’ont pas les même infrastructures, et seules les pompes funèbres les plus aguerries ou les mieux équipées sont capables de faire face aux situations les plus difficiles. "Elles ont su mettre en place des structures souples, permettant des réactions immédiates", explique ainsi Christian Raffault qui a d’ailleurs fait de cette prestation, l’un des points forts de la société Raffault SHF.

"Ces établissements qui ont su évoluer au même rythme que la demande, disposent aujourd’hui de personnels compétents et mobilisables 24 heures sur 24. Elles sont dotées de parcs de véhicules récents, bien entretenus et suffisamment puissants pour effectuer des milliers de kilomètres sans mettre en péril la sécurité des opérateurs, ni l'efficacité de la prestation commandée".

Quoi qu'il en soit, tous les professionnels funéraires n'offrent pas le même niveau de prestations et la différence entre certaines entreprises peut être considérable. C'est fort de ce constat que Christian Raffault propose une piste de réflexion aux fédérations : "Ne deviendra-t-il pas nécessaire de labelliser les prestations de transports et de thanatopraxie ?" La question viendra peut-être à l'ordre du jour dans un proche avenir.

Les problèmes se posent d'une tout autre manière, dès lors que l'on aborde la question des soins de thanatopraxie réalisés à l'étranger. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, la demande de soins à réaliser sur des destinations lointaines, et dans l'urgence a considérablement augmenté. "Il y a vingt ans, la demande de soins à réaliser à l'étranger était extrêmement rare", poursuit Christian Raffault, l'un des tout premiers diplômés français du British Institute of Embalmer (BIE). "Dès les premières années de mon activité, j'ai été sollicité pour réaliser des missions d'urgence, surtout en Afrique du Nord. Depuis, je n'ai cessé de multiplier ce type d'interventions. Il m'a fallu parfois intervenir dans des conditions extrêmement difficiles, lors de catastrophes naturelles par exemple. Pratiquer les soins de thanatopraxie à l'étranger demande des compétences particulières ainsi que des connaissances bien spécifiques, principalement dans le domaine de la restauration après un accident ou une catastrophe".

Aujourd'hui, peu d’entreprises françaises sont à même d'intervenir 24 heures sur 24 aux quatre coins de la planète. Pour être à même de répondre à ce genre de demande, il faut tout d'abord avoir un niveau de compétences techniques très élevé, s'appuyant sur une "expertise terrain" sans faille ; avoir à disposition un équipement très complet, contenant notamment l'ensemble du matériel de thanatopraxie afin de pouvoir faire face à des situations parfois imprévues ; disposer de stocks importants de fluides pour pouvoir répondre positivement à une demande d'intervention massive, consécutive à une catastrophe naturelle ou à un conflit important. Les discussions actuelles sur l'envoi de nouvelles troupes françaises en Afghanistan témoignent malheureusement, de la réalité du problème ! Il faut aussi disposer de contacts en urgence auprès des ambassades, et être à même de résoudre en quelques heures les innombrables formalités administratives qui se posent en France, mais aussi disposer de relais sur place qui assureront l'interface. Imagine-t-on l'ampleur des démarches à effectuer ?

Il faut pouvoir rassembler en quelques heures des autorisations multiples, des certificats d'authenticité, des certificats médicaux, des visas… Bien sûr, il faut souvent que ces documents soient fournis en français et dans la langue nationale du pays d'intervention.
 
- Savez-vous, par exemple, que l'arabe parlé en Afrique du Nord n'est pas le même que celui pratiqué en Arabie  Saoudite, et qu'il faut alors faire appel à des traducteurs assermentés différents ?
 
- Savez-vous que certains États imposent que les soins de thanatopraxie soient exclusivement réalisés par les titulaires d'un diplôme international ?

- Savez-vous que des pays comme l’Afrique du Sud et le Vietnam, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, l’Irak, Israël, le Liban ou la Russie imposent des soins de conservation pour un rapatriement, quelle que soit, bien sûr, la nationalité du défunt ?

- Savez-vous que, sauf recommandation expresse, certains pays ne délivrent pas de visas permanents à multiples entrées, pourtant indispensables pour intervenir dans des délais corrects ?

- Avez-vous songé aux relations qu'il faut pour obtenir des places dans des avions souvent " surbookés " pour gagner les quelques heures nécessaires à une prestation de qualité ?

- Imaginez-vous le nombre d'adresses e-mails et de numéros de téléphones portables qu'il faut avoir en mémoire pour accélérer dans les Chancelleries des procédures parfois extrêmement minutieuses ?

On le comprend aisément : Les décès à l’étranger génèrent des complications majeures pour les familles. Loin des repères géographiques et affectifs habituels, les décès loin du domicile, sont souvent les plus mal vécus. Outre le fait que les formalités sont lourdes et complexes, l’éloignement des membres de la famille vient aussi rendre plus difficile le travail de deuil. C’est dans le réconfort de la communauté familiale, et dans la mise en place d’une relation de confiance avec un professionnel expérimenté, que nombre de familles trouvent la force et le courage de surmonter l’épreuve. "Tous ces aspects techniques sont fondamentaux“, reprend Christian Raffault. "Mais il faut aussi comprendre que, loin de leurs attaches, les familles expriment beaucoup d'attente vis-à-vis du thanatopracteur qui devient souvent le véritable homme de confiance. C’est souvent dans ce cadre que le professionnalisme du thanatopracteur s’exprime : Aucune faute n’est…“ Et Christian Raffault d’expliquer pudiquement, qu’il a personnellement été amené à intervenir dans différentes régions du monde dans des conditions sur lesquelles il se refuse à donner des détails. “Une affaire de respect des familles“, explique-t-il, assurant que les cours qu’il a dispensés à l’Université de médecine de Moscou avaient été très efficaces, de ce point de vue, et avaient été très bien perçus par les autorités du Kremlin.

En fait, le chef d’entreprise de Noisy-le-Grand préfère parler des structures qu’il met en place pour apporter des réponses globales à des situations complexes. C'est avec cet objectif que Christian Raffault a créé l'an passé, l'Institut européen de thanatopraxie. Il a conclu sur ces mots : "A l'heure ou notre société connaît de si grandes mutations, il est primordial pour notre profession de rester au fait et d'évoluer dans les mêmes temps, sinon…"

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations