Compte rendu des travaux du premier groupe de travail (2 autres suivront), effectués lors
de la dernière session, de l’école de Thanatopraxie ACCENT FORMATION. Participants : Barillon Claire, Brenans Delphine, Cistac Myriam, Claude Lucien, Dehondt Guillemette, Galvez Céline, Gratien Camille, Grégoire Julien.
Sujet : Développer le cheminement historique de l’embaumement antique jusqu’à la thanatopraxie moderne.

Depuis l’antiquité différents peuples tels que les Incas, Mayas, Précolombiens, Chinois, Tibétains…, nous ont laissé des preuves irrécusables d’anciennes traditions funéraires. Les hommes se sont toujours préoccupés de conserver leurs morts dans un esprit rituel et religieux, afin de les préserver d’une décomposition dégradante.
La mort fait partie des grandes énigmes de la vie et l’homme s’est toujours interrogé quant à l’évolution des pratiques de l’embaumement appelé aujourd’hui thanatopraxie et ce, en passant par la période médiévale dite également anatomiste.

Le mot embaumement fait naturellement référence à l’Egypte Antique. Il existe différentes façons d’embaumer liées au rang social du défunt, sa fortune et les vœux de la famille. Cette pratique s’appuie sur un ouvrage égyptien "Le livre des Morts", dont le véritable titre est "Sortie vers la Lumière". Il est composé de chapitres et de rubriques qui nous donnent de précieuses indications sur les techniques utilisées par les embaumeurs et l’extrême ritualité du procédé. Ce livre est un guide pour le cheminement de Ka (l’âme du défunt) lors de son voyage cosmique. Pour les Egyptiens, l’âme d’une personne décédée quittait le corps et après une absence de 3000 ans regagnait son ancienne demeure charnelle à condition, bien sûr que celle ci soit encore en état de la recevoir.

Le récit d’Hérodote, historien grec ayant vécu au cinquième siècle avant J.C, est considéré comme l’un des plus fiables. Selon ce texte, l’embaumement se pratiquait en quatre étapes :

  1. Dans un premier temps, les embaumeurs procédaient à l’ablation du cerveau. Pour cela, ils perforaient à l’aide d’un crochet l’os ethmoïde et ôtaient le plus de matière cérébrale possible. Ils introduisaient dans la cavité crânienne des résines chaudes ou du goudron bouillant pour liquéfier le reste de matière puis ils retournaient le corps, en décubitus ventral, pour permettre l’écoulement du fluide organique par les narines.
  2. Ensuite, à l’aide d’une pierre d’Ethiopie, ils incisaient latéralement le flanc abdominal pour pratiquer l’ablation des viscères. Ces dernières étaient déposées dans quatre vases canopes qui accompagnaient la dépouille dans le caveau. Les canopes étaient scellés d’un bouchon à l’effigie de chacun des fils d’Horus, lui-même représenté par un faucon portant le pschent, symbole de la vie et de la mort. Ces organes devaient servir dans une seconde vie. C’est pourquoi, les embaumeurs laissaient le cœur en place car il était le siège de l’intelligence et des émotions du défunt.
  3. Enfin, la toilette faisait l’objet d’une attention toute particulière. Des fluides composés de vin de dattier, de baumes, d’essences, d’épices. Ils immergeaient ensuite le corps dans une saumure puissante et astringente, très riche en sel, en carbonate de sodium, autrement appelée Natron. Il en résultait une perte de poids et de volume considérable. Cette solution très corrosive, imposait aux embaumeurs de lier les ongles aux doigts avec du fil d’or ou de cuivre pour éviter qu’ils ne tombent.
  4. Après soixante dix jours, le corps sec et nettoyé à l’eau claire, était enduit d’huile pour favoriser l’élasticité des tissus. Il était frictionné et les yeux étaient remplacés avec soin par des prunelles d’émail. Les embaumeurs redonnaient du volume au corps avec de la paille, de la sciure de bois, de la mousse de lichens… et des bandelettes de lin saturées de résines pour le crâne. L’incision due à l’éviscération était recousue ou collée mais recouverte d’une plaque de cire ou de métal représentant l’œil magique d’Osiris (symbole de la vie éternelle). L’opération se terminait par un vernissage soigneux suivi d’un enveloppement intégral du corps, commence par les plus petites parties telles que les doigts par des bandes de lin enduites de gomme. Un papyrus contenant des incantations du « Livre des Morts » était glissé entre les bras liés du défunt. Des amulettes, des scarabées, des parchemins accompagnaient le corps, insérés dans les bandes de lin. Le travail terminé, la momie se voyait redressée telle la colonne vertébrale d’Osiris puis rendue à la famille.

Durant tout ce rituel magico-religieux, des prières étaient psalmodiées simultanément. Il s’en suivait la cérémonie de la fermeture de la bouche qui succédait aux funérailles, permettant à la momie de manger et de boire à nouveau.
On distingue deux sortes de momies : la momie rosée, légère et parfumée, embaumée à la résine et la momie noirâtre, lourde et mal-odorante, embaumée au goudron. Les deux techniques étant principalement réservées à l’élite.
Durant 4000 ans, différentes dynasties se sont succédées, au début, seuls les pharaons, leurs femmes, les ministres et les scribes faisaient l’objet d’un embaumement (dynastie ptolémaïque). Ce secret jalousement gardé est entré dans le domaine public et l’embaumement s’est vulgarisé (environ deux cents ans avant J.C). Cette technique est passée aux mains des prêtres (parachites, colchytes, taricheutes) qui résidaient aux quartiers des morts, exclus de la société.

A la fin des dynasties égyptiennes, Cléopâtre étant la dernière reine, l’embaumement périclite, les égyptiens perdent leur science nécrosophique.

Après l’empire pharaonique, vers 623 avant J.C, les hébreux perpétuent la toilette rituelle. Cette toilette ne vise plus à conserver le corps du défunt mais à le purifier.

Du VIIIème au XIIIème siècle, la technique d’embaumement est considérée comme pragmatique. Seuls les plus grands prélats sont embaumés pour le transport de leur corps. Des préparations hétéroclites servaient à traiter les rois et les membres de leur famille telles que l’utilisation de vinaigre, de térébenthine, eau de vie, sel et aromates de tout genre. En 877, Charles Le Chauve fut le premier à être embaumé après l’empire pharaonique. Les préparations étaient administrées par les voies naturelles mais à la période des croisades cette technique se montra peu efficace car elle ne tenait pas le temps du voyage de retour. Elle fit donc place à la technique de dépeçage.

Saint Louis ou Louis IX, parti en croisade via Tunis, y décéda du typhus. Il bénéficia, donc, de cette technique appelée "mos teutonicus"» qui consistait à retirer le cœur et les viscères, à démembrer le corps pour le faire bouillir afin de récupérer les os. Les viscères étaient dispersées en différents lieux traversés sur le chemin du retour jusqu’à l’arrivée de son lieu d’inhumation.

A la fin du XIIIème siècle, cette technique fut interdite car elle choquait l’opinion publique.
Mais au XIVème siècle, la nécessité de conserver les traits physiques se fit ressentir. En 1314, Philippe Le Bel mourut et fut embaumé à visage découvert mais le corps se dégrada rapidement. Pour pallier ces lacunes techniques, des effigies furent réalisées à l’aide des empreintes. Ainsi pour les obsèques de François 1er qui durèrent huit jours, les embaumeurs créèrent un substitut en cuir qui fut promené publiquement.

L’embaumement réapparaissant au XVIème  siècle, vient du latin In Balsamum, c’est à dire « conservé à l’aide de baumes ».
C’est au XVIIème  siècle que les scientifiques découvrirent ce qui allait aboutir à la naissance de la thanatopraxie moderne.

Vers 1616, William Harvey, un médecin anglais, découvrit l’existence de la circulation sanguine. Par la suite, Marcello Malpighi, physiologiste italien, fit la découverte des capillaires sanguins. Enfin, en 1683, Anthony Van Leeuwenhoek découvrit l’existence des bactéries, micro-organismes responsables de la décomposition des matières organiques et de bien des maladies.

Léonard de Vinci, ingénieur, peintre et scientifique, dessina un nombre incalculable de planches anatomiques. Il a du, pour cela, procéder à des dissections, et par le fait même, embaumer ses sujets d’étude d’une manière ou d’une autre. Il est possible qu’il ait préservé ses sujets au moyen d’injection de fluide préservatif, tel que le docteur Frédérick Ruysch le découvrit au XVIIIème. Malheureusement, il ne laissa aucun écrit. Par la suite, aux environs de 1718 à 1783, les frères Hunter, John et William, anatomistes écossais, perpétuèrent l’injection artérielle principalement avec de l’huile térébenthine, de lavande, de romarin ainsi que de vermillon. Ils éviscéraient les corps et traitaient les organes qu’ils remettaient dans leur cavité d’origine et les recouvraient d’une poudre composée de camphre, de résine et de sulfate de magnésium. C’est au début du XIXème que le chimiste Jean Nicolas Gannal révolutionna la thanatopraxie. Ces travaux de conservation de corps consistaient à injecter une solution chimique, composée, entre autre, de phosphate de sodium et d’arsenic, par voie artérielle sans autre intervention sur le corps. Ce procédé fut breveté en 1837 et utilisé mondialement, mais les sels arsénieux furent interdits en France en 1850. Cependant, quelques années plus tard, en Amérique, deux internes, Ranouard et Holmes améliorèrent le procédé de Gannal sur des soldats morts pendant la guerre de sécession.
C'est une erreur de manipulation commise par un certain Hofmann, chimiste allemand, qui fit découvrir le formol en 1870. Dix ans plus tard, en Angleterre, Le docteur Clark créa la première école de conservation des corps. Deux ans après, Léon Gambetta décédait et fut, pour la première fois, traité au formol par Baudriand. La technique s’améliora mais resta la même. Elle consistait à une injection artérielle et à la ponction du sang ainsi que des fluides physiologiques principaux responsables de la décomposition organique.

C’est en Grande Bretagne que des écoles prestigieuses s’instaurèrent, comme le British Institut of Embalmers en 1900, et formèrent des médecins à cette pratique. Ils seront les seuls à exercer jusqu’en 1969. En France, des pionniers comme J. Marette, E. Aubert et A.M. Bouquet créèrent l’Institut Français de Thanatopraxie (I.F.T.), suivi de l’Ecole Française de Soins et de Sciences Mortuaires en 1978 (P. Clerc).
La première existence légale du terme « thanatopracteur » apparut en 1986 avec l’établissement d’un agrément préfectoral pour exercer sur le territoire français. En 1994, le décret interministériel n° 94-260 du 1er avril 1994, mis en place le diplôme national d’état afin de pouvoir reconnaître les techniciens comme de vrais professionnels.

Un thanatopracteur avant-gardiste a découvert il y a peu un fluide 100% naturel, le Nathol 2000, breveté, qui pourrait être un produit innovant puisque celui ci, contrairement aux autres, n’est pas injecté dans le système vasculaire. Cette nouvelle technique pourrait permettre de conserver le corps dans son intégrité.
Ainsi, le peuple égyptien procédait à l’embaumement de ses morts pour garantir à leur âme partie dans l’au-delà, une demeure charnelle intacte à leur retour. De pratique religieuse au service des morts dans leur après vie, la thanatopraxie a progressivement évolué jusqu’à devenir un art, une science au service des vivants. L’apparence du défunt « assoupi » a un rôle de toute première importance dans le processus de deuil des proches.
On peut se demander quelles seront les orientations de la thanatopraxie en France dans l’avenir, mais ceci est un autre sujet.

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations